dixit le porte parole des étudiants. Apparemment c'est plutôt la fausse interprétation (qui sont parfois réellement islamophobes, dans le sens racisme déguisé) que font certains des idées de Charb qui est visée plutôt que ses idées elles-mêmes (qui elles, on est d'accord, sont anti religieuses et non racistes). Je ne sais pas si c'est vrai pour ce débat, je n'ai pas encore assez fouillé la bio des débatteurs, mais c'est pour préciser le pourquoi de la demande de censure.«Il semble apparent que le débat sera centré sur la question de l'islam et consistera à remettre en cause la lutte contre les violences racistes islamophobes et la parole de leurs victimes»
La raison, je l'ai lu, Charlie cite même la suite. Mais rien que cette raison est déjà conne. Le mot est faible. En aucun cas il ne remet en cause la lutte contre le racisme, mais ce qu'on en fait. Pour des buts parfois malintentionnés.
Mais plus que ça, cet exemple est caractéristique de notre temps. Plutôt que d'éduquer, on préfère interdire, on achète la paix sociale et on cristallise les frustrations sociales, on les fout sous le tapis.
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01 Fév 2018, 18:42Grade Émeraude
En 2015, à titre posthume, une pièce reprenant un écrit de Charb, dessinateur phare de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier 2015, a été censuré. L'écrit dont s'inspire cette pièce s'appelle Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes. J'admet n'avoir jamais trouvé ce livre. Mais je sais de quoi il parle. Charlie Hebdo, c'est mon enfance, quand mon père l'achetait tous les mercredis, le balançant sur la banquette arrière de la voiture et moi le rattrapant pour le lire. Charb, c'était un communiste, comme Jean Ferrat. Comme Jean Ferrat, il connaissait les limites de son parti politique. Mais pas comme Jean Ferrat, lui préférait se moquer de ces conneries. Ce livre parle de l'explosion de l’antiracisme.
Dans les années 80-90, combattre le fascisme, c'est combattre le racisme. En même temps. Mais entre-temps est apparu l'intégrisme religieux. Cette idéologie a séduit plus d'un immigré. Mais comment lutter contre le racisme et le fascisme si on soutient le fascisme ? Charb est de ceux qui pensait que lutter contre le racisme, c'est lutter contre tous les racismes et c'est lutter contre l'idéologie qui la porte, le fascisme, qui pense que tous les hommes sont loin d'être égaux.
Mais le but n'est pas de parler du livre de Charb. La question n'est même pas de savoir si ce qu'il dit est vrai ou non. Après tous, pour débattre, mieux vaut connaître et lire toutes les opinions sur un sujet donné. On évite ensuite l'étroitesse d'esprit et l'embrigadement. Vous vous souvenez que je parlais de censure. La pièce devait se dérouler à la Sorbonne. Vous pensez que la demande vient d'un groupe d’extrémiste religieux ? Non. Du Front National ? Non. Des étudiants de la Sorbonne, élite éclairée de la nation ? Oui. Sous la bannière de Solidaires étudiant-e-s. Pour eux, le texte serait raciste. Qui connaît Charb, ses actions, ses écrits, ses dessins qui prônent l'exact opposé, c'est paradoxal non ? C'est sûr que les écrits de ce dernier ont toujours eu un grain de subtilité, un grain d'humour, un grain de rien à foutre de la bienséance. On peut ne pas être d'accord avec les écrits de ce dernier, avec ses arguments. Mais censurer ? Des étudiants ? De quel droit ? Sous prétexte qu'ils savent tous ? Qu'ils n'ont rien à apprendre ? Ils sont à la Sorbonne non ? Mais que savent-ils du racisme ? Dans un monde à forte reproduction sociale, protégé dans leur Paris intra muros.
L'oeuvre de Charb devrait servir à ouvrir un débat. Sur l'anti racisme, l'anti fascisme, sur la gauche en perdition dans cette lutte. Mais cet exemple n'en est qu'un parmi tant d'autres. Nous entendons chaque jour que des expos, des livres, des pièces, des artistes sont censurés par des types prônant la tolérance grâce aux instruments du totalitarisme. Le monde devient à l'instar de l'informatique, binaire. Les "gentils" et les "méchants". Faut pas dire ça, c'est raciste. Car je sous-entend que les musulmans sont tous des terroristes. Mais alors comment je me moque de ceux qui tuent au nom d'une croyance ? Bah faut pas. Sinon les progressistes viendront me lyncher sur twitter, comme au temps du totalitarisme. Mes "écrits" décriés dans une pure autodafé Hitlérienne.
L'humour est une moquerie envers une personne ou une institution, parce qu'elle a telle caractère. Mais l'humour permet une critique pleine de bonne intention, car le but n'est pas de rabaisser, mais de faire réfléchir cette personne à ce travers.
Le monde est subtil, complexe. Comme l'homme. Le monde est façonné par des hommes. La réalité ne sera jamais binaire.
Les étudiants de la Sorbonne, sous le couvert de la "bien-pensance" font finalement tout ce que Charb critiquait dans son ouvrage. Ils sont l'exemple vivant. Peut-être qu'elle est là le message de la pièce ?
Aujourd'hui, je vous invite à acheter ce numéro, celui de cette semaine de Charlie Hebdo. Il coûte 3€. Juste pour faire chier ces pseudos fascistes. Juste pour la liberté d'expression. Tous le monde est Charlie parait-il. Alors pourquoi on en encore là ?
J'aimerai finir sur les mots de Gérard Biard, dans ce fameux numéro. Ceci est à l'intention des étudiants.