Vous vous souvenez de ce tease qui date de je ne sais quand ? Eh bien, enfin, je publie l'histoire de votre méchant préféré ! (ou pas) J'espère qu'elle vous plaira, et que vous laisserez un petit commentaire, ça fait toujours plaisir :) Sur ce, bonne lecture !
Rafaam l'archéologue suprême
Le Journal d'un voleur
Le désert. Encore et toujours le désert. J'avais beaucoup de mal à supporter la chaleur et le sable s'infiltrant dans ma capuche, tandis que je marchais vers Gagdgetzan. Ma cible ? Il s'agissait de ce gros tas de lard de Phalanges, ou plutôt des fameuses armes qu'il utilisait pour combattre dans l'arène. Le voyage s'était déroulé sans accrocs, comme prévu dans mon plan génial et imparable. Je n'eus pas de problème pour retrouver la petite ville gobeline. Lorsque j'arrivai, j'étais las de ce long trajet dans le désert et de cette chaleur étouffante. En pénétrant dans la ville par le portail surmonté d'une clé à molette, je fus étonné de voir qu'elle était bondée. Qui voudrait venir en vacances ici, dans une ville perdue en plein désert et pleine de vermine ? Ce n'était absolument pas dans mes plans. Sur le moment, je me dis que ce n'était pas quelques personnes en plus qui pourraient m'arrêter, moi, l'archéologue suprême. Je passai donc entre tous ces gens, en prenant bien soin de dissimuler mon visage. Tout ce que je voulais désormais, c'était trouver une auberge. Pas pour boire ou manger, non, les éthériens n'en ont pas besoin, mais pour obtenir des informations. Il fallait que je trouve le bon moment pour passer à l'action. Si Phalanges était présent lors du vol, l'affaire serait plus délicate. Mais s'il n'était pas là, alors logiquement ses armes non plus. Je devais aussi m'informer de la présence de tout ce monde dans la ville. Gadgetzan n'a pas la réputation d'être touristique. Je n'eus pas longtemps à chercher tellement la ville était petite. A part l'arène qui se démarquait un peu, le reste des habitations étaient toutes semblables. Il y a avait aussi un port, mais il ne m'intéressait pas.
***
L'auberge que j'avais trouvée était sale et construite en bois. En entrant, une saleté de gobelin m'interpella et me demanda si j'avais une pièce d'or à lui offrir. Et puis quoi encore ? Je levai mon bâton – un bâton de bois à l'air banal mais qui renfermait en réalité une puissance phénoménale – et tous les clients se turent, me fixant avec étonnement. Ils étaient assis sur des tabourets crasseux et buvaient à n'en plus finir. L'aubergiste, de son côté nettoyait des verres opaques, sans oser me regarder. De la sueur perlait sur son front ridé. Un ivrogne me lança : - Alors vieillard ?! Tu vas faire quoi, nous taper à coups de canne ? Les imbéciles ! Il ne faut jamais me sous-estimer, je suis capable de jeter des sorts dévastateurs. J'abattis mon bâton sur le sol poussiéreux et tous furent tués sur le coup, sauf l'aubergiste que je voulais questionner. C'était un vieux gobelin qui portait une moustache blanche bien taillé et semblait avoir été fort autrefois. Quoi qu'il en soit, il se mit à sangloter comme un enfant et me supplia de l'épargner. J'ai horreur de la faiblesse, et je faillis le tuer sur le champ. Mais j'avais vraiment besoin d'informations, je me résignai donc à le laisser vivre quelques minutes de plus. Je ne regrettai pas cette décision. Il s'avéra que le gobelin devint un allié en or. Un allié naïf et que je pourrais jeter n'importe quand. Parfait. Il m'apprit que s'il y avait tant de monde en ville, c'était pour le combat de Phalanges qui se déroulait le lendemain. Plusieurs races d'Azeroth s'étaient déplacées pour admirer le combat du singe. Je lui demandai alors s'il savait où se trouveraient les Poings de Phalanges, l'artéfact que je recherchais. Or, il se trouva que oui ! Il venait de gagner deux jours de vie en plus. Je me méfiai tout de même un peu. Je ne voulais pas que cet imbécile se fasse de l'argent sur mon dos. Les gobelins peuvent devenir un peu plus malins que la moyenne s'il y a de l'or à la clé. Il me confia que ma cible se trouverait exposé au centre de l'arène de Gadgetzan après le combat de son propriétaire. Cela me déplut au plus haut point. Je m'attendais à ce que ce soit compliqué, mais pas dans ce sens-là. Je m'imaginais devoir contrer un système de sécurité super développé et abattre des tueurs à gages engagés par Phalanges. Je me trompais lourdement. C'était bien pire que ça. La « sécurité » des Poings étaient en réalité la foule de visiteurs venus pour l'occasion. Je n'ai pas l'habitude de travailler entouré. J'avais déjà accepté en l'aubergiste un allié... cette journée était définitivement mauvaise. Lorsque la nuit tomba sur Tanaris, je décidai d'exposer mon plan à l'aubergiste : le lendemain, nous irions assister au combat tranquillement. Lorsque celui-ci serait terminé, le gobelin – ou plutôt mon pantin – hurlerait à la bombe, ce qui est souvent le cas, dans une ville gobeline. Et pendant que la foule s'agiterait, j'en profiterais pour dérober l'artefact. Rien de plus simple. Ce qui m'inquiétait, c'était que ma réussite dépendrait de la réaction des gens qui se trouveraient dans l'arène, et je déteste compter sur autre que moi-même. Je décidai de me reposer, et j'ordonnai à l'aubergiste de nettoyer son bar et le sol jonché de cadavres, avec menace de mort s'il ne se dépêchait pas. Rien de tel pour se divertir que de voir un vieil homme se tuer à la tâche en tremblant de peur. Je ne me doutais pas que, le lendemain, j'aillais avoir une mauvaise surprise.
***
J'avais dit à l'aubergiste que j'allais faire un repérage des lieux et que, s'il m'avait menti, il serait mort avant de s'en être rendu compte. Heureusement pour lui, il avait été honnête (étrange pour un gobelin) et il y avait bien au milieu de l'arène, posée sur le sable, une sorte de vitrine carrée qui contiendrait les armes une fois le combat terminé. Je n'avais pas eu de mal à entrer, car l'endroit était ouvert aux visiteurs pour l'occasion. Une seule chose me perturba terriblement : il y avait à côté de la vitrine un énorme trône dorée, orné de têtes de gorilles et de bananes sur les accoudoirs. Lorsque je demandai à deux trolls venus voir le combat la raison de la présence de ce trône, mes pires craintes furent confirmées. - Phalanges signera des autographes dès qu'ses ennemis s'ront à terre. Cool non ? Et nous, on tient à en avoir un, mec, répondit l'un d'eux avec une impatience mal dissimulée. Cette information me mit en rage. Ça voulait dire que Phalanges ne sortirait pas de l'arène une fois le combat terminé. Et je doutais que ce colosse quitte l'endroit sans ses précieux Poings, bombe ou pas. Il fallait l'éloigner de l'artéfact à tout prix et l'obliger à le laisser sur place, sinon je n'aurais jamais l'occasion de le récupérer. Il fallait que je m'informe sur l'endroit où était hébergé Phalanges pendant son escale à Gadgetzan. Je rentrai à l'auberge empli de colère. Visiblement, le vieil aubergiste avait commencé à évacuer l'auberge en me voyant revenir. Il avait dû avoir peu de clients ce matin-là, car seules trois personnes en sortirent. Il y avait une elfe de sang à l'air peu commode, un humain muni d'un chapeau, avec un menton proéminent et une moustache, et enfin, un gobelin qui portait de grosses lunettes et un pistolet dans sa poche droite. - Bonjour monsieur. Puis-je faire quelque chose pour votre majestueuse personne ? me demanda l'aubergiste sur un ton sonnant faux. - Je n'étais pas au courant que Phalanges resterait après le combat, dis-je d'un ton froid. - Oh, mon cher monsieur, moi non plus ! Grâce ! Je suis désolé, je ne savais pas... - Tu as de la chance que j'aie encore besoin de ta misérable personne, gobelin. J'ai besoin de tes informations. Où est logé Phalanges durant le temps qu'il passe en ville ? - Oui, tout ce que vous voulez, monsieur. Je crois qu'il est venu tiré dans une sorte de diligence. Elle est postée en dehors de la ville, près de la Mer. Mais attention, il y a tous les trophées que le gorille a gagné dans différentes arènes du monde à l'intérieur. Et le problème, est que cette diligence est protégée par de redoutables tueurs à gages. Je réfléchis un moment à la question, et soudain une idée brillante me vint à l'esprit. Il me fallait juste de l'argent. Beaucoup d'argent. - Où pourrais-je me fournir de l'or ? Questionnai-je le gobelin. Je vis une étincelle s'allumer dans ses petits yeux sombres cernés de ride. L'argent était le talon d'Achille de tout gobelin. - De l'or, monsieur ? Eh bien c'est votre veine ! Il y a justement un étranger qui est arrivé ce matin qui promet une grande somme à la personne qui le battra à un jeu de cartes. Je dois vous avouer que je m'y suis frotté ce matin pour tenter d'empocher les gains, mais le bonhomme est très fort ! - Bien. Où est donc ce misérable, que je puisse l'écraser comme un insecte ? - Il se trouve à l'entrée de la ville. Il s'y est établi avec sa tente. - Et quel est le nom de celui que je vais vaincre ? - Il se nomme... mince, son nom m'échappe... ah je sais ! Son nom est Genzo, aussi appelé le requin.
***
Je laissai l'aubergiste et me dirigeai vers les portes de la ville. Je sentais l'excitation dans l'air. Le combat devait commencer dans à peine une heure. Il fallait que je gagne cet or, et vite. Manifestement, je n'étais pas le seul à vouloir tenter ma chance contre ce « requin ». Je me retrouvai devant la tente que m'avait indiqué l'aubergiste. Elle était déchirée à plusieurs endroits et du sable la recouvrait çà et là. Elle était juste assez grande pour deux personnes et... une queue d'une douzaine de gobelins était alignée devant l'entrée. J'en tuai un grâce à un sort fatal et lui pris sa place. Quelques minutes plus tard, j'étais entré dans la tente. Il y avait posé à même le sol un plateau de jeu, et derrière celui-ci, un fauteuil à l'air moelleux digne d'un prince. « Comme moi », pensai-je. Mais le plus intéressant était la personne en tailleur qui était vautrée dedans. Il devait s'agir d'un mort-vivant pour qu'il ait la peau si pâle et ces yeux d'un blanc laiteux. Mais la chose qui me marqua le plus fut ses dents. Elles étaient pointues et lui donnaient un air « sauvage ». Je pensai alors que son surnom de requin venait de là. En me voyant entrer, il tira son chapeau et me fit signe de m'asseoir. Il ne se rendait pas compte qu'il se trouvait en face de l'archéologue suprême, la personne qui le battrait, ou sinon le tuerait. Je pensai à le mettre hors d'état de nuire immédiatement, mais je me ravisai. Il ne fallait pas que je fasse parler de moi avant l'heure du combat. Je hais me faire remarquer lorsque je chasse des reliques. Je jouai donc le jeu et m'assis sans dire mot. - Bonjour, étranger. Je te laisse créer ton deck. Voici les cartes, annonça le requin. Je n'avais jamais joué à ce jeu, et je ne compris rien aux cartes qu'il me donna. Je créai donc un deck avec les cartes qui me semblaient les meilleures. De toute façon, j'avais un plan imparable en tête. Il ne pourrait pas gagner. Je lui fis un signe de tête pour lui indiquer que j'étais prêt. Il me lança un sourire carnassier. - Bien, nous allons pouvoir commencer ! Éructa-t-il. Il déplia le plateau et le jeu commença tout seul, comme par magie. Je piochai trois cartes, sans même les toucher. Visiblement, c'était à moi de débuter la partie. Je mis alors mon plan génial à exécution. Je lançai un sort discrètement et lui volai son deck sans même qu'il le voie. J'espérai qu'il soit extrêmement puissant, de telle sorte que même si je ne savais pas jouer, je gagnerais. Je souris intérieurement en piochant une carte me semblant particulièrement puissante. « Idole de Jade ». Il allait prendre la raclée de sa vie.
***
Le grand moment était imminent ! Le combat allait bientôt commencer. Je pris place dans les tribunes, en attendant mon heure. L'arène circulaire était grande et vaste. Le sable était encore blanc, mais il serait bientôt maculé de sang. L'air était chaud et le temps clair. Il y avait énormément de monde. Le gobelin était assis à l'autre bout de l'arène ; je lui ferais signe au moment de lancer l'alerte à la bombe. Concernant la présence de Phalanges, je m'en était occupé et j'espérais que ça allait fonctionner. De toute façon, je ne pouvais pas faire machine arrière. Lorsque le singe entra dans l'arène entouré de deux gardes du corps, les spectateurs hurlèrent de joie et d'admiration. Le commentateur (encore une ordure de gobelin) énuméra ses nombreuses victoires et déclara que c'était un honneur d'avoir une telle légende à Gadgetzan. Alors entrèrent ses adversaires, hués par le public. - Voici un orc qui s'est déjà battu avec brio dans plusieurs arènes du monde et qui a gagné le tournoi annuel de lutte d'Orgrimmar ! annonça le commentateur. Il se battra avec l'aide de ce gobelin, qui combat aujourd'hui dans sa ville natal et qui s'est illustré dans l'art du combat aux couteaux ! Enfin, le dernier adversaire de Phalanges, et pas des moindres. Il s'est inscrit ce matin seulement et s'est qualifié, je cite : « d'un explorateur de renommée mondiale et du meilleur gladiateur de sa génération ». Il ne lui reste qu'à vous le prouver sur le ring ! Les trois hommes se postèrent en face de Phalanges et le jaugèrent du regard. Le commentateur s'extasia encore quelques instants sur le beau temps et la chance qu'on avait d'assister à ce combat épique, avant de faire sonner la cloche qui indiquait le début de la bagarre pour Phalanges, et peut-être la fin de la vie de ces adversaires. La foule devint alors hystérique quand le premier combattant – le gobelin – fut envoyé valser par le gorille. Alors que le combat battait son plein, je remarquai que l'humain ne se mettait jamais vraiment en danger. Il faisait des petits sauts autour du singe, en mettant ses bras en position défensive. Je ne distinguais pas son visage, car il portait un chapeau qu'il me semblait avoir déjà vu quelque part. L'orc, au contraire, se battait avec ardeur et avait déjà reçu pas mal de coups. Il devait avoir le nez cassé, car il perdait énormément de sang. Plus le combat durait, plus j'étais excité à l'idée de voler la relique. Phalanges se battait à la perfection, les Poings fracassant les côtes de son adversaire. C'est au moment où ce dernier tomba à terre, inerte, que j'entendis un cri. Il me fallut un moment pour comprendre. Ce n'était pas le commentateur. Je demandai à ma voisine de droite, une elfe qui s'était mise à paniquer en entendant le cri ce qu'il disait. - Sauvez-vous ! me dit-elle. Le gobelin là-bas, en face, vient de crier à la bombe !
***
Ca faisait longtemps que je n'étais pas entré dans une telle rage. L'aubergiste était-il si stupide ? Je devais lui faire signe ! Je me promis de le tuer dès que j'en aurais l'occasion. Mais d'abord, il fallait agir. Le combat fut interrompu. Le public n'avait pas encore évacué l'arène, mais les hommes de main de Phalanges lui avait déjà chuchoté à l'oreille que sa diligence remplie de ses trophées avait pris feu. Ç'avait été facile de les convaincre avec la somme d'argent que j'avais récoltée. Je leur avais demandé de dire à leur patron que sa diligence avait pris feu lorsque l'alerte à la bombe serait lancée, de lui prendre délicatement la relique des mains (sous n'importe quel prétexte, comme par exemple pour que ce soit moins lourd lors de sa course vers ses médailles en danger) et de la déposer dans la vitrine prévue à cette effet, sans la verrouiller. Moi seul était au courant de ce détail, et comme la foule serait paniquée, personne n'y ferait attention. Mon plan marchait donc comme prévu ! Le seul problème était que tout cela devait se passer à la fin du combat. Par la faute du gobelin, j'allais devoir improviser. Je déteste improviser. J'avais sous-estimé l'importance du gobelin dans mon plan. Une petite erreur de sa part pouvait me faire hésiter. Alors que la foule paniquait, je pris deux secondes pour réfléchir. Deux secondes durant lesquelles les hommes de main de Phalanges lui retiraient l'artéfact des mains et le déposait dans la vitrine, tandis que celui-ci se ruait hors de l'arène, pour aller sauver ses précieux trophées. J'étais soulagé sur ce point : Phalanges n'avait pas insisté pour prendre ses armes. J'avais pris une décision. Il fallait que j'exécute la suite du plan, et maintenant ! Que l'alerte soit lancée maintenant ou à la fin du combat importait peu, dans le fond. C'était surtout un moyen d'être un peu plus sûr que le gorille laisserait ses armes dans l'arène. La foule commença enfin à évacuer en hurlant et pleurant pour certains. C'était le moment. Je passai à travers les gens et me dirigeai au centre de l'arène en jouant des coudes. Tout ce monde n'y fit pas attention. C'était la réaction que j'avais espéré. Quand votre vie est en danger, vous ne regardez pas les détails. J'allais avoir ma récompense, enfin ! Même si ce satané gobelin m'avait presque fait rater mon occasion, j'allais réussir. J'arrivai enfin devant la vitrine et...
... vide.
Ma déception fut horrible. Je me retins de ne pas tuer tous les gens présents à ce moment. J'avais laissé la relique sans surveillance qu'un infime instant. J'entendis alors quelqu'un crier près de l'entrée de l'arène, où le public se bousculait pour échapper à la bombe. Mon sang ne fit qu'un tour lorsque je reconnus l'individu. Il s'agissait de l'homme au chapeau, le seul combattant qui n'était pas tombé face à Phalanges. Je vis enfin son visage. Il avait une moustache, un menton proéminent et un sourire éclatant. Je me souvins alors de l'endroit où je l'avais aperçu. C'était l'homme qui était sorti de l'auberge du gobelin ce matin même, un des trois clients. Mais ce qui me frappa le plus, fut ce qu'il cria.
« Nous allons être riches ! »
Conclusion
Mon échec avait été cuisant. Je m'étais fait voler la victoire sous mon nez ! L'explorateur s'était échappé en se dissimulant dans la foule paniquée. J'aurais pu tous les tuer et reprendre l'artéfact, mais ç'aurait été tout sauf discret. J'étais sur le chemin du retour et je laissais Gadgetzan derrière moi. Les bandages de mes mains étaient couverts de sang. Mais pas de n'importe quel sang. Celui du gobelin, l'aubergiste qui m'avait trahi. Avant de le tuer, je l'avais forcé à tout m'expliquer. L'homme qui avait volé l'artéfact s'appelait Reno Jackson. Il faisait partie de la Ligue des Explorateurs. Lors de sa visite à la taverne le matin même, il avait discuté avec l'aubergiste et ils avaient fini par aborder le vol des Poings de Phalanges. C'était aussi l'objectif de cet explorateur, mais il n'avait pas de plan. Le gobelin, toujours prêt à gagner de l'argent, lui avait rapporté mon projet, et décidé de me trahir. Il proposa à Jackson de participer au tournoi contre Phalanges, et de tout faire pour rester en vie. Pour la suite, il n'avait qu'à suivre mon plan. Il devait lancer l'alerte à la bombe au moment où Jackson resterait le seul gladiateur debout (voilà pourquoi elle avait été déclenchée plus tôt). Ce dernier n'avait qu'à attendre que Phalanges parte de l'arène ; car même si l'aubergiste ignorait ce que j'avais en tête à ce sujet, il savait que j'y arriverais ; et ensuite, tout simplement voler les Poings déposés dans la vitrine. Et pour y parvenir avant moi, il avait tout participé au tournoi, pour être sur place dès le moment où le public paniquerait. En plus, il n'a pas hésité à me narguer avant de filer comme un lâche ! Je ne pus m'empêcher de penser que c'était un plan ingénieux. Je réalisai alors que le gros point faible du mien, avait été de faire confiance à quelqu'un d'autre que moi-même. J'en pris note et décidai de ne plus jamais faire confiance à personne.
P.S. Je jure de me venger de Jackson et de la Ligue des Explorateurs. Je compte bientôt m'emparer d'une relique qu'ils recherchent aussi. Elle se nomme « Bâton de l'Origine »...
Ici s'achève le journal de l'archéologue suprême. Rafaam.
- 6368 message(s)
19 Oct 2017, 20:50Grade Émeraude
Vous vous souvenez de ce tease qui date de je ne sais quand ?
Eh bien, enfin, je publie l'histoire de votre méchant préféré ! (ou pas)
J'espère qu'elle vous plaira, et que vous laisserez un petit commentaire, ça fait toujours plaisir :)
Sur ce, bonne lecture !
Rafaam l'archéologue suprême
Le Journal d'un voleur
Le désert. Encore et toujours le désert. J'avais beaucoup de mal à supporter la chaleur et le sable s'infiltrant dans ma capuche, tandis que je marchais vers Gagdgetzan. Ma cible ? Il s'agissait de ce gros tas de lard de Phalanges, ou plutôt des fameuses armes qu'il utilisait pour combattre dans l'arène. Le voyage s'était déroulé sans accrocs, comme prévu dans mon plan génial et imparable. Je n'eus pas de problème pour retrouver la petite ville gobeline. Lorsque j'arrivai, j'étais las de ce long trajet dans le désert et de cette chaleur étouffante. En pénétrant dans la ville par le portail surmonté d'une clé à molette, je fus étonné de voir qu'elle était bondée. Qui voudrait venir en vacances ici, dans une ville perdue en plein désert et pleine de vermine ? Ce n'était absolument pas dans mes plans. Sur le moment, je me dis que ce n'était pas quelques personnes en plus qui pourraient m'arrêter, moi, l'archéologue suprême. Je passai donc entre tous ces gens, en prenant bien soin de dissimuler mon visage. Tout ce que je voulais désormais, c'était trouver une auberge. Pas pour boire ou manger, non, les éthériens n'en ont pas besoin, mais pour obtenir des informations. Il fallait que je trouve le bon moment pour passer à l'action. Si Phalanges était présent lors du vol, l'affaire serait plus délicate. Mais s'il n'était pas là, alors logiquement ses armes non plus. Je devais aussi m'informer de la présence de tout ce monde dans la ville. Gadgetzan n'a pas la réputation d'être touristique. Je n'eus pas longtemps à chercher tellement la ville était petite. A part l'arène qui se démarquait un peu, le reste des habitations étaient toutes semblables. Il y a avait aussi un port, mais il ne m'intéressait pas.
***
L'auberge que j'avais trouvée était sale et construite en bois. En entrant, une saleté de gobelin m'interpella et me demanda si j'avais une pièce d'or à lui offrir. Et puis quoi encore ? Je levai mon bâton – un bâton de bois à l'air banal mais qui renfermait en réalité une puissance phénoménale – et tous les clients se turent, me fixant avec étonnement. Ils étaient assis sur des tabourets crasseux et buvaient à n'en plus finir. L'aubergiste, de son côté nettoyait des verres opaques, sans oser me regarder. De la sueur perlait sur son front ridé. Un ivrogne me lança :
- Alors vieillard ?! Tu vas faire quoi, nous taper à coups de canne ?
Les imbéciles ! Il ne faut jamais me sous-estimer, je suis capable de jeter des sorts dévastateurs. J'abattis mon bâton sur le sol poussiéreux et tous furent tués sur le coup, sauf l'aubergiste que je voulais questionner. C'était un vieux gobelin qui portait une moustache blanche bien taillé et semblait avoir été fort autrefois. Quoi qu'il en soit, il se mit à sangloter comme un enfant et me supplia de l'épargner. J'ai horreur de la faiblesse, et je faillis le tuer sur le champ. Mais j'avais vraiment besoin d'informations, je me résignai donc à le laisser vivre quelques minutes de plus. Je ne regrettai pas cette décision. Il s'avéra que le gobelin devint un allié en or. Un allié naïf et que je pourrais jeter n'importe quand. Parfait. Il m'apprit que s'il y avait tant de monde en ville, c'était pour le combat de Phalanges qui se déroulait le lendemain. Plusieurs races d'Azeroth s'étaient déplacées pour admirer le combat du singe. Je lui demandai alors s'il savait où se trouveraient les Poings de Phalanges, l'artéfact que je recherchais. Or, il se trouva que oui ! Il venait de gagner deux jours de vie en plus. Je me méfiai tout de même un peu. Je ne voulais pas que cet imbécile se fasse de l'argent sur mon dos. Les gobelins peuvent devenir un peu plus malins que la moyenne s'il y a de l'or à la clé. Il me confia que ma cible se trouverait exposé au centre de l'arène de Gadgetzan après le combat de son propriétaire. Cela me déplut au plus haut point. Je m'attendais à ce que ce soit compliqué, mais pas dans ce sens-là. Je m'imaginais devoir contrer un système de sécurité super développé et abattre des tueurs à gages engagés par Phalanges. Je me trompais lourdement. C'était bien pire que ça. La « sécurité » des Poings étaient en réalité la foule de visiteurs venus pour l'occasion. Je n'ai pas l'habitude de travailler entouré. J'avais déjà accepté en l'aubergiste un allié... cette journée était définitivement mauvaise. Lorsque la nuit tomba sur Tanaris, je décidai d'exposer mon plan à l'aubergiste : le lendemain, nous irions assister au combat tranquillement. Lorsque celui-ci serait terminé, le gobelin – ou plutôt mon pantin – hurlerait à la bombe, ce qui est souvent le cas, dans une ville gobeline. Et pendant que la foule s'agiterait, j'en profiterais pour dérober l'artefact. Rien de plus simple. Ce qui m'inquiétait, c'était que ma réussite dépendrait de la réaction des gens qui se trouveraient dans l'arène, et je déteste compter sur autre que moi-même. Je décidai de me reposer, et j'ordonnai à l'aubergiste de nettoyer son bar et le sol jonché de cadavres, avec menace de mort s'il ne se dépêchait pas. Rien de tel pour se divertir que de voir un vieil homme se tuer à la tâche en tremblant de peur.
Je ne me doutais pas que, le lendemain, j'aillais avoir une mauvaise surprise.
***
J'avais dit à l'aubergiste que j'allais faire un repérage des lieux et que, s'il m'avait menti, il serait mort avant de s'en être rendu compte. Heureusement pour lui, il avait été honnête (étrange pour un gobelin) et il y avait bien au milieu de l'arène, posée sur le sable, une sorte de vitrine carrée qui contiendrait les armes une fois le combat terminé. Je n'avais pas eu de mal à entrer, car l'endroit était ouvert aux visiteurs pour l'occasion. Une seule chose me perturba terriblement : il y avait à côté de la vitrine un énorme trône dorée, orné de têtes de gorilles et de bananes sur les accoudoirs. Lorsque je demandai à deux trolls venus voir le combat la raison de la présence de ce trône, mes pires craintes furent confirmées.
- Phalanges signera des autographes dès qu'ses ennemis s'ront à terre. Cool non ? Et nous, on tient à en avoir un, mec, répondit l'un d'eux avec une impatience mal dissimulée.
Cette information me mit en rage. Ça voulait dire que Phalanges ne sortirait pas de l'arène une fois le combat terminé. Et je doutais que ce colosse quitte l'endroit sans ses précieux Poings, bombe ou pas. Il fallait l'éloigner de l'artéfact à tout prix et l'obliger à le laisser sur place, sinon je n'aurais jamais l'occasion de le récupérer. Il fallait que je m'informe sur l'endroit où était hébergé Phalanges pendant son escale à Gadgetzan. Je rentrai à l'auberge empli de colère. Visiblement, le vieil aubergiste avait commencé à évacuer l'auberge en me voyant revenir. Il avait dû avoir peu de clients ce matin-là, car seules trois personnes en sortirent. Il y avait une elfe de sang à l'air peu commode, un humain muni d'un chapeau, avec un menton proéminent et une moustache, et enfin, un gobelin qui portait de grosses lunettes et un pistolet dans sa poche droite.
- Bonjour monsieur. Puis-je faire quelque chose pour votre majestueuse personne ? me demanda l'aubergiste sur un ton sonnant faux.
- Je n'étais pas au courant que Phalanges resterait après le combat, dis-je d'un ton froid.
- Oh, mon cher monsieur, moi non plus ! Grâce ! Je suis désolé, je ne savais pas...
- Tu as de la chance que j'aie encore besoin de ta misérable personne, gobelin. J'ai besoin de tes informations. Où est logé Phalanges durant le temps qu'il passe en ville ?
- Oui, tout ce que vous voulez, monsieur. Je crois qu'il est venu tiré dans une sorte de diligence. Elle est postée en dehors de la ville, près de la Mer. Mais attention, il y a tous les trophées que le gorille a gagné dans différentes arènes du monde à l'intérieur. Et le problème, est que cette diligence est protégée par de redoutables tueurs à gages.
Je réfléchis un moment à la question, et soudain une idée brillante me vint à l'esprit. Il me fallait juste de l'argent. Beaucoup d'argent.
- Où pourrais-je me fournir de l'or ? Questionnai-je le gobelin.
Je vis une étincelle s'allumer dans ses petits yeux sombres cernés de ride. L'argent était le talon d'Achille de tout gobelin.
- De l'or, monsieur ? Eh bien c'est votre veine ! Il y a justement un étranger qui est arrivé ce matin qui promet une grande somme à la personne qui le battra à un jeu de cartes. Je dois vous avouer que je m'y suis frotté ce matin pour tenter d'empocher les gains, mais le bonhomme est très fort !
- Bien. Où est donc ce misérable, que je puisse l'écraser comme un insecte ?
- Il se trouve à l'entrée de la ville. Il s'y est établi avec sa tente.
- Et quel est le nom de celui que je vais vaincre ?
- Il se nomme... mince, son nom m'échappe... ah je sais ! Son nom est Genzo, aussi appelé le requin.
***
Je laissai l'aubergiste et me dirigeai vers les portes de la ville. Je sentais l'excitation dans l'air. Le combat devait commencer dans à peine une heure. Il fallait que je gagne cet or, et vite. Manifestement, je n'étais pas le seul à vouloir tenter ma chance contre ce « requin ». Je me retrouvai devant la tente que m'avait indiqué l'aubergiste. Elle était déchirée à plusieurs endroits et du sable la recouvrait çà et là. Elle était juste assez grande pour deux personnes et... une queue d'une douzaine de gobelins était alignée devant l'entrée. J'en tuai un grâce à un sort fatal et lui pris sa place.
Quelques minutes plus tard, j'étais entré dans la tente. Il y avait posé à même le sol un plateau de jeu, et derrière celui-ci, un fauteuil à l'air moelleux digne d'un prince. « Comme moi », pensai-je. Mais le plus intéressant était la personne en tailleur qui était vautrée dedans. Il devait s'agir d'un mort-vivant pour qu'il ait la peau si pâle et ces yeux d'un blanc laiteux. Mais la chose qui me marqua le plus fut ses dents. Elles étaient pointues et lui donnaient un air « sauvage ». Je pensai alors que son surnom de requin venait de là. En me voyant entrer, il tira son chapeau et me fit signe de m'asseoir. Il ne se rendait pas compte qu'il se trouvait en face de l'archéologue suprême, la personne qui le battrait, ou sinon le tuerait. Je pensai à le mettre hors d'état de nuire immédiatement, mais je me ravisai. Il ne fallait pas que je fasse parler de moi avant l'heure du combat. Je hais me faire remarquer lorsque je chasse des reliques. Je jouai donc le jeu et m'assis sans dire mot.
- Bonjour, étranger. Je te laisse créer ton deck. Voici les cartes, annonça le requin.
Je n'avais jamais joué à ce jeu, et je ne compris rien aux cartes qu'il me donna. Je créai donc un deck avec les cartes qui me semblaient les meilleures. De toute façon, j'avais un plan imparable en tête. Il ne pourrait pas gagner. Je lui fis un signe de tête pour lui indiquer que j'étais prêt. Il me lança un sourire carnassier.
- Bien, nous allons pouvoir commencer ! Éructa-t-il.
Il déplia le plateau et le jeu commença tout seul, comme par magie. Je piochai trois cartes, sans même les toucher. Visiblement, c'était à moi de débuter la partie. Je mis alors mon plan génial à exécution. Je lançai un sort discrètement et lui volai son deck sans même qu'il le voie. J'espérai qu'il soit extrêmement puissant, de telle sorte que même si je ne savais pas jouer, je gagnerais. Je souris intérieurement en piochant une carte me semblant particulièrement puissante. « Idole de Jade ». Il allait prendre la raclée de sa vie.
***
Le grand moment était imminent ! Le combat allait bientôt commencer. Je pris place dans les tribunes, en attendant mon heure. L'arène circulaire était grande et vaste. Le sable était encore blanc, mais il serait bientôt maculé de sang. L'air était chaud et le temps clair. Il y avait énormément de monde. Le gobelin était assis à l'autre bout de l'arène ; je lui ferais signe au moment de lancer l'alerte à la bombe. Concernant la présence de Phalanges, je m'en était occupé et j'espérais que ça allait fonctionner. De toute façon, je ne pouvais pas faire machine arrière.
Lorsque le singe entra dans l'arène entouré de deux gardes du corps, les spectateurs hurlèrent de joie et d'admiration. Le commentateur (encore une ordure de gobelin) énuméra ses nombreuses victoires et déclara que c'était un honneur d'avoir une telle légende à Gadgetzan. Alors entrèrent ses adversaires, hués par le public.
- Voici un orc qui s'est déjà battu avec brio dans plusieurs arènes du monde et qui a gagné le tournoi annuel de lutte d'Orgrimmar ! annonça le commentateur. Il se battra avec l'aide de ce gobelin, qui combat aujourd'hui dans sa ville natal et qui s'est illustré dans l'art du combat aux couteaux ! Enfin, le dernier adversaire de Phalanges, et pas des moindres. Il s'est inscrit ce matin seulement et s'est qualifié, je cite : « d'un explorateur de renommée mondiale et du meilleur gladiateur de sa génération ». Il ne lui reste qu'à vous le prouver sur le ring !
Les trois hommes se postèrent en face de Phalanges et le jaugèrent du regard. Le commentateur s'extasia encore quelques instants sur le beau temps et la chance qu'on avait d'assister à ce combat épique, avant de faire sonner la cloche qui indiquait le début de la bagarre pour Phalanges, et peut-être la fin de la vie de ces adversaires. La foule devint alors hystérique quand le premier combattant – le gobelin – fut envoyé valser par le gorille. Alors que le combat battait son plein, je remarquai que l'humain ne se mettait jamais vraiment en danger. Il faisait des petits sauts autour du singe, en mettant ses bras en position défensive. Je ne distinguais pas son visage, car il portait un chapeau qu'il me semblait avoir déjà vu quelque part. L'orc, au contraire, se battait avec ardeur et avait déjà reçu pas mal de coups. Il devait avoir le nez cassé, car il perdait énormément de sang. Plus le combat durait, plus j'étais excité à l'idée de voler la relique. Phalanges se battait à la perfection, les Poings fracassant les côtes de son adversaire. C'est au moment où ce dernier tomba à terre, inerte, que j'entendis un cri. Il me fallut un moment pour comprendre. Ce n'était pas le commentateur. Je demandai à ma voisine de droite, une elfe qui s'était mise à paniquer en entendant le cri ce qu'il disait.
- Sauvez-vous ! me dit-elle. Le gobelin là-bas, en face, vient de crier à la bombe !
***
Ca faisait longtemps que je n'étais pas entré dans une telle rage. L'aubergiste était-il si stupide ? Je devais lui faire signe ! Je me promis de le tuer dès que j'en aurais l'occasion. Mais d'abord, il fallait agir. Le combat fut interrompu. Le public n'avait pas encore évacué l'arène, mais les hommes de main de Phalanges lui avait déjà chuchoté à l'oreille que sa diligence remplie de ses trophées avait pris feu. Ç'avait été facile de les convaincre avec la somme d'argent que j'avais récoltée. Je leur avais demandé de dire à leur patron que sa diligence avait pris feu lorsque l'alerte à la bombe serait lancée, de lui prendre délicatement la relique des mains (sous n'importe quel prétexte, comme par exemple pour que ce soit moins lourd lors de sa course vers ses médailles en danger) et de la déposer dans la vitrine prévue à cette effet, sans la verrouiller. Moi seul était au courant de ce détail, et comme la foule serait paniquée, personne n'y ferait attention. Mon plan marchait donc comme prévu ! Le seul problème était que tout cela devait se passer à la fin du combat. Par la faute du gobelin, j'allais devoir improviser. Je déteste improviser.
J'avais sous-estimé l'importance du gobelin dans mon plan. Une petite erreur de sa part pouvait me faire hésiter. Alors que la foule paniquait, je pris deux secondes pour réfléchir. Deux secondes durant lesquelles les hommes de main de Phalanges lui retiraient l'artéfact des mains et le déposait dans la vitrine, tandis que celui-ci se ruait hors de l'arène, pour aller sauver ses précieux trophées. J'étais soulagé sur ce point : Phalanges n'avait pas insisté pour prendre ses armes. J'avais pris une décision. Il fallait que j'exécute la suite du plan, et maintenant ! Que l'alerte soit lancée maintenant ou à la fin du combat importait peu, dans le fond. C'était surtout un moyen d'être un peu plus sûr que le gorille laisserait ses armes dans l'arène. La foule commença enfin à évacuer en hurlant et pleurant pour certains. C'était le moment. Je passai à travers les gens et me dirigeai au centre de l'arène en jouant des coudes. Tout ce monde n'y fit pas attention. C'était la réaction que j'avais espéré. Quand votre vie est en danger, vous ne regardez pas les détails. J'allais avoir ma récompense, enfin ! Même si ce satané gobelin m'avait presque fait rater mon occasion, j'allais réussir. J'arrivai enfin devant la vitrine et...
... vide.
Ma déception fut horrible. Je me retins de ne pas tuer tous les gens présents à ce moment. J'avais laissé la relique sans surveillance qu'un infime instant.
J'entendis alors quelqu'un crier près de l'entrée de l'arène, où le public se bousculait pour échapper à la bombe. Mon sang ne fit qu'un tour lorsque je reconnus l'individu. Il s'agissait de l'homme au chapeau, le seul combattant qui n'était pas tombé face à Phalanges. Je vis enfin son visage. Il avait une moustache, un menton proéminent et un sourire éclatant. Je me souvins alors de l'endroit où je l'avais aperçu. C'était l'homme qui était sorti de l'auberge du gobelin ce matin même, un des trois clients. Mais ce qui me frappa le plus, fut ce qu'il cria.
« Nous allons être riches ! »
Conclusion
Mon échec avait été cuisant. Je m'étais fait voler la victoire sous mon nez ! L'explorateur s'était échappé en se dissimulant dans la foule paniquée. J'aurais pu tous les tuer et reprendre l'artéfact, mais ç'aurait été tout sauf discret.
J'étais sur le chemin du retour et je laissais Gadgetzan derrière moi. Les bandages de mes mains étaient couverts de sang. Mais pas de n'importe quel sang. Celui du gobelin, l'aubergiste qui m'avait trahi. Avant de le tuer, je l'avais forcé à tout m'expliquer.
L'homme qui avait volé l'artéfact s'appelait Reno Jackson. Il faisait partie de la Ligue des Explorateurs. Lors de sa visite à la taverne le matin même, il avait discuté avec l'aubergiste et ils avaient fini par aborder le vol des Poings de Phalanges. C'était aussi l'objectif de cet explorateur, mais il n'avait pas de plan. Le gobelin, toujours prêt à gagner de l'argent, lui avait rapporté mon projet, et décidé de me trahir. Il proposa à Jackson de participer au tournoi contre Phalanges, et de tout faire pour rester en vie. Pour la suite, il n'avait qu'à suivre mon plan. Il devait lancer l'alerte à la bombe au moment où Jackson resterait le seul gladiateur debout (voilà pourquoi elle avait été déclenchée plus tôt). Ce dernier n'avait qu'à attendre que Phalanges parte de l'arène ; car même si l'aubergiste ignorait ce que j'avais en tête à ce sujet, il savait que j'y arriverais ; et ensuite, tout simplement voler les Poings déposés dans la vitrine. Et pour y parvenir avant moi, il avait tout participé au tournoi, pour être sur place dès le moment où le public paniquerait. En plus, il n'a pas hésité à me narguer avant de filer comme un lâche !
Je ne pus m'empêcher de penser que c'était un plan ingénieux. Je réalisai alors que le gros point faible du mien, avait été de faire confiance à quelqu'un d'autre que moi-même. J'en pris note et décidai de ne plus jamais faire confiance à personne.
P.S. Je jure de me venger de Jackson et de la Ligue des Explorateurs. Je compte bientôt m'emparer d'une relique qu'ils recherchent aussi.
Elle se nomme « Bâton de l'Origine »...
Ici s'achève le journal de l'archéologue suprême. Rafaam.