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07 Avr 2017, 07:43Grade Émeraude
La jungle ne pardonne pas nos erreurs. Chaque empreinte au sol peut être un leurre. Comme nos vies.
Le cratère de Un'Goro, un endroit remplit d'animaux préhistoriques. Mais je suis pas à la recherche de n'importe lequel. Dred, le Roi des marais. Mais cela ne réponds pas à la question du pourquoi je suis ici. Officiellement, un scientifique m'a fournit la prime pour sa capture. Mort ou vif. Il bloque toutes les expéditions en direction des marais. Mais en réalité, je cherche en partie la gloire, en partie la prime et une partie de moi-même. À chaque fois que je vise. Que je regarde dans le viseur. Que mon œil passe dans l’œilleton.
La flore est aussi dangereuse que la faune. Qu'elles soient carnivores ou empoisonnées, elles ne cherchent que votre mort. Mais si il n'y avait que ça. Les indigènes et les murlocs ont déjà emportés plusieurs expéditions à eux tous seuls. Mais j'ai vécu pire. Quand la pauvreté vous tient, vous acceptez tous. La chasse aux grosses bêtes, il me reste que ça. Et à chaque fois que je construit ma ligne de mire sur la cible, j'essaie de... Bof, n'y pensons plus, un coup de gnôle et ça passera.
Ces arbres sont d'une taille gigantesque. Les tours de Hurlevent à côté font pâles figures. Ils sont fait de fer. En tous cas, ceux qui ont essayé de les trancher y ont laissé leurs haches. Mais lui, il y arrive. Dred. Ces arbres au sol, déracinés, sont plus parlant que n'importe quelles empreintes.
On se pose souvent la question. Qui est le plus féroce, Krush ou Dred. Personne n'est arrivé à répondre à la question. Moi je ne m'y amuserai pas non plus. Quand je m'en serai fait une peau des deux, là on pourra répondre. Les marais sont de l'autre côté du cratère. Dred y va pour se régénérer, comme le disent les intellos. Pour les moins érudits, cela veut dire s'accoupler. En tout cas, c'est moi qui me tapes les 100 bornes. C'est calme, trop calme. J'aime pas ça. Me tends. Allez un coup de gnôle, ça va me détendre. Je ressors la gourde du sac.
La nuit tombe petit à petit. Je décide d'installer ma tente prêt d'un ruisseau. Je me rappelle alors d'un proverbe, que j'avais appris il y a deçà plusieurs années. L'eau est source de toute vie, si vous contrôlez l'eau, vous contrôlez tout ce qui dépend d'elle. Je vais me contenter de la surveillez.
Je place la tente un peu plus haut, derrière une fougère. De deux mètres. Je récupère quelques brindilles pour le feu. Je sors mes rations du sac. Je chasserai plus tard. Profitons de ce que l'homme a su faire de mieux. Je crois. Le temps que ça cuise, j'astique mes fusils. Si l'un est tromblon, deux balles pour deux canons, il ne me sera d'aucune utilité mis à part en baroud d'honneur. Une pour lui, une pour moi. Mais l'autre, c'est le meilleur fusil de précision de tout Azeroth. J'en ai vécu avec lui. J'ai le même depuis toujours. Tiens c'est cuit. De la viande cuite en plein cratère de Un'goro, douce ironie non ? Royaume de la viande fraîche. J'aperçois quelques tricératops au loin, mais rien de plus menaçant. Je file bien vite sous la couette. Les nuits sont fraîches. Et le sommeil, arrive bien... vite...
Quelques années plus tôt
Le bruit des bottes. Le bruit cadencé de la marche au pas. Presque une mélodie. En file indienne. Deux par deux. Un cavalier remonte cette chenille immense. Ce flot inexorable. Et se met à crier « Écoutez-moi bien bande de sacs à merde, à cette vitesse là, vous êtes bon pour dormir à la belle étoile, et tant pis pour vos tronches si vous tombez sur une escarmouche orc ! Alors on se bouge le cul ici ! »
Reste poli. C'est ça l'armée. Que vous soyez à Hurlevent ou ailleurs, quelles que soient les idéaux que votre patrie défend, ça reste un monde de brutes. Dirigés par des officiers, enfin des seigneurs qui nous voient, quand nous sommes armées, nous le peuple, comme une menace à mater. Et à dresser. Mais on leur est utile, on meurt pour leurs jolies minois. On nettoie les villages au alentour de Orgrimmar. La postérité, pour la trouver, faut aller du côté de l'armée de Varian. Nous, on sera oublié par l'histoire. C'est beau hein, on fera des poèmes épiques sur la bravoure du roi et tutti quanti. Nous, on reste là à bouffer la merde du sol, à traîner les pieds dans cet océan de boue.
« Dis Dom, il nous veut quoi cet officier ? Si il veut aller au camp qu'il y aille non ?
- Bah, faut bien qu'il gueule un peu dans la journée.
- Facile quand on est à cheval. Au fait fais gaffe, ton fusil risque de tomber. Je te le remets.
- Une fois là-bas, tu m'aides à nettoyer mes lunettes de visées. Elles seront crasses après ça.
- T'inquiète pas. »
C'est un brave type ce Oscar. On fait partie d'un des rares duo de l'unité intacte. Court pas les rues.
On est le 8ème bataillon de tireur d'élite. Le seul. On était 50 gars, commandé par un colonel gobelin, un des rares de cet armée conservatrice, un type génial. Un père pour tous les gosses qu'on était. Perdue, qui ne savaient même pas marché au pas. Protecteur, il savait être dur et doux quand il le fallait. Quand y avait des rixes avec d'autres unités, il nous défendait toujours face à la hiérarchie. Il avait pas peur de ces culs herbeux, comme il les appelait. Il est mort en nous protégeant. Dans une escarmouche. Il a pas eu la médaille de l'honneur. On a fait une pétition mais bon, que voulez-vous. On est plus que 8. Sur 50. Quatre fusils, quatre jumelles. Mort dans une guerre qui les dépassent. Pour un joli minois de Dalaran ? C'est moi qui les dirigent maintenant. Tous, à part Oscar, des nouveaux, pour remplacer les pertes. Des gosses à peine sortis de leur adolescence. Mais je les protégerai, les entraînerai, comme le colonel l'a fait. Pour lui.
Soudain, un bruit retentit. Qu'est-ce donc ? Je sais pas. Le sol tremble et un rugissement sauvage se fait entendre. Le son se rapproche. Je me réveille en sursaut. J'attrape mon tromblon. Il est là. Pas loin. Il y a un fourré juste à côté. Je me précipite dedans. Je fais même pas dépasser mon orteil.
Le bruit des pas se rapproche. Je jurerai de l'entendre respirer. Une forme se dessine, sous le couvert de la lumière du soleil matinale. Filtrée à travers les arbres, elle faisait apparaître un animal, baigné, paradoxalement, un diablosaure, massif. Ses membres postérieures font la taille de poutre. Sa gueule massive laissait paraître sa dentition fournie. Il s'approche du ruisseau. Il se rapproche. Son odeur est infect. Il est à portée. Mais ce n'est pas lui. Beau bestiau certes. Mais pas lui. Mais je ne dois pas bouger d'un poil. Tant que le vent ne vient pas dans mon dos. Il ne doit pas me sentir... Merde le vent tourne ! Et ce gros plein de soupe commence à comprendre l'entourloupe. Je file de buisson, je sprint vers cette vieille souche. Je ne prends pas la peine de regarder si il me suit ou pas. J'en suis convaincu. J'entends le bruit de ses pas. Je me faufile à l'intérieur. Le but est qu'il se rapproche assez pour que mon vieux tromblon soit efficace. D'un coup il écrase de sa patte une partie de la souche qui vole en éclat. Il m'érafle de peu. Je sors la tête et décharge une volée en plein dans la tronche. Les balles ricochent. Merde, va me falloir des balles explosives. Bien ma veine elles sont dans mes boîtes de munitions. Plus qu'un choix. Se foutre à l'eau. J'y cours. Il perdra mon odeur et ma trace. Dû moins je l'espère. Je repars vers le ruisseau. Je fonce comme si le diable me poursuivait. D'un côté, effectivement, je ne suis pas loin de me faire poursuivre par le diable.
Je saute à l'eau, tête la première. Je me laisse emporter par le courant. Il est trop fort pour que je puisse lutter de toute façon. Faut pas que je tombe sur un murloc. J'y pense que maintenant aussi.
Au bout de quelques mètres, j'arrive à m'accrocher à un rocher. Je me cache derrière non sans peine.
J'entends son rugissement. De la colère est en lui là. Non, il ne m'aura pas en casse croûte. Je me retourne pour le voir. Il déguerpit. Tant mieux. Je lutte pour nager jusqu'à la berge. Je m'allonge par terre. Une vraie carpette. Je me relève difficilement. Je me traîne jusqu'au campement. Je rallume mon feu pour sécher mes vêtements. Avec cette humidité, je risque de tomber malade. Et manger un petit déjeuner. Rien de tel. Et je termine déjà ma gourde de gnôle. Va falloir que j'en fasse sur le trajet. Bah tous les chemins mènent aux rhums !
Je reprends ma route en milieu de matinée. Comme il se doit au printemps la nature se réveille. Les raptors se font la cour au loin, les plantes se font butiner et moi je suis seul dans cette jungle. À chercher un animal dont la gueule fait ma taille. Enfin, ce sont nos intellectuels qui l'affirment. Moi je pense qu'il fait simplement la taille du Roi Krush. J'entends des bruits. Des bruits de pas. Et une détonation. Un bouton de fleur qui rougit. Rouge sang. Ma gnôle ? Où est-elle ? Je sens dans mon cou quelque chose. Une fléchette. Je m'écroule.
Je m'écroule le long d'un arbre. Fatigué. Cette marche à la mort m'a exténué. Enfin la pause. Combien de temps avant l'objectif ? Très bonne question, déplions cette foutue carte tient.
« Une gorgée Dom ?
- Tu sais que je ne bois pas.
- Ça rend le bras sûr aussi.
- Suffit de concentration. Va nettoyer les lunettes plutôt feignasse.
- Allez, pour Hurlevent. »
J'adore comment il se fout de la tronche des officiers. Bon, je regarde cette foutue carte. Apparemment, on l'atteindra demain. On va camper ici de toute façon. On va devoir monter le camp en deux-deux. Allez, je vais aider à monter les tentes.
À la tombée de la nuit le camp est enfin finit. À la lueur des lanternes, je me faufile entre les baraquements pour rejoindre le QG. C'est assez drôle de se dire qu'on est détesté, nous les tireurs d'élite alors qu'ils ont besoin de nous en permanence. Et moins drôle quand on se rend compte que cela explique nos pertes.
« Bon Monsieur, c'est notre dernière mission techniquement. Il suffit de nettoyer cette dernière place puis on sera bon. La Horde de ce Garrosh sera anéanti peu après avec la chute de Orgrimmar. Et nous on aura finit les dernières poches de résistances. Ce village a été envahit il y a deux mois. Ça risque d'être un combat urbain. Heureusement, la place centrale est assez large pour permettre à la cavalerie de se déployer et à nos fantassins de se mettre en parfait ordre de bataille. On force en seul point. La percée devra être vite décisive.
- Tous en seul point c'est pas dangereux ? Dit le chef du 54ème régiment.
- Ne vous inquiétez pas soldat. La stratégie est notre domaine ! Rétorque le général. »
Quel imbécile. On appelle ça de la tactique. La stratégie qu'on emploie, on appelle ça la terre brûlée.
Il continue de déblatérer ces insignifiants détails. Aussi utiles que savoir que les écureuils mangent des noix.
« Colonel Enfield, quel est le plan de bataille de votre unité ?
- Je sais pas. On prend quelques types avec nous, on prend possession de bâtiments puis on vous fait l'appuie-feu qu'on vous doit.
- C'est pas un plan ça.
- Non c'est mon ordre de bataille. L'improvisation.
- Bien vous vous plaindrez pas si vous vous perdez sur le champ de bataille.
- Dur de se perdre, faut juste prendre le chemin inverse de l'ambulance. »
Il me jeta un regard noir. J'adore quand il fait cette tête. Je sais que j'ai gagné face à cette tête de mule. Être idiot et sans cœur va. La réunion se termine. Chacun rentre se coucher. Moi aussi.
Je me réveille dans une cabane. Ou un cabanon. En tous cas, je suis ligoté tel un saucisson. Donc soit on m'en veut, soit j'ai fait peur aux locaux. Dans tous les cas ma présence dérange. J'entends qu'on s'approche. Des pas mêlés à une langue dont que je ne connais rien. Fallait s'y attendre.
Un homme entre. Une crosse à la main. Un prêtre ?
« Eh bien, pas la peine d'avoir peur, les tortollans ne sont pas méchants, tu les as justes effrayé. Ils sont froussard comme tous.
- Tu parles ma langue ?
- Je suis de Hurlevent et à ton habillement je suppose que toi aussi. Je suis un prêtre. Père Camille. Un ancien du Temple écarlate. Nous nous étions installés à Gadgetzan mais mes confrères ont succombé dans le crime. Je n'ai pas su les protéger. Pour oublier j'ai décidé de m'enfoncer dans Un'Goro, espérant retrouver la Foi. Et j'ai découvert ces adorables être. Je m'efforce de les convertir. Mais aussi de les comprendre. Ils ont une autre mystique. J'étudie cela.
- Si je comprends bien, vous êtes un curé qui a décidé de tous plaquer pour des indigènes ?
- Quel langage ! Tu as dû être ancien soldat toi. J'en ai croisé. Vous avez tous la même façon de vous exprimez.
- Dans le mille Émile. Sinon, c'est sympas de faire la causette mais j'aimerai bien qu'on me détache. Et je suis pas contre un petit verre.
- Ah oui, j'oubliais. Освободите его, это гость.
- Drôle de langue.
- J'ai mit du temps avant de l'apprendre. Elle assez complexe. Il y a une phrase qu'ils adorent c'est, si je le prononce bien : Пролетарская революция на марше! И смерть угнетателям народов! Mais je ne sais pas du tous ce qu'elle veut dire...
- Bah, sûrement quelque chose d'amicale. »
Ils me libèrent. Les tortollans sont des petits êtres, avec un corps de tortue. Ils sont assez vifs dans leurs mouvements. Père Camille me fais le tour du propriétaire. Les tortollans sont vraiment étranges dans leurs coutumes mais totalement adaptés à cette vie dans Un'goro. Leur société est basé sur l'entraide mutuelle au contact de la nature. Une vie simple. Qui ferai ça chez nous ? Je sens dans la voix du Père Camille qu'il est de cet avis. Ils se répartissent les tâches entre eux. Ils ont des chefs mais cela n’empêchent pas ces derniers de travailler comme tous le monde. Nos rois en feraient autant ? Ils n'utilisent leurs armes que pour lutter contre un diablosaure qui s'approcherait de trop près. D'ailleurs, leurs stégosaures sont des montures efficaces. Par ailleurs, leurs alcool local est très plaisant, j'en rempli ma gourde et mon gosier. On passe devant des enfants qui jouent. Leurs peaux deviennent orange, leurs têtes s'arrondissent. Cette petite fille... un trou... à ma droite, Oscar, que veux-tu me dire ?
Je m'évanouis, j'entends à peine le Père Camille criez à l'aide. On me transporte dans une cabane. Je perds connaissance.
Je me réveille, dans la soirée. Fiévreux. Mais debout. Le Père arrive. Il à l'air satisfait de me voir levé. Il ne me reste encore guère de temps avant que je loupe le rendez-vous avec Dred. Deux jours. Je me lance.
« Mon Père, puis-je vous demandez une faveur ?
- Oui mon fils.
- Je dois éliminer un diablosaure, Dred le Roi des marais. J'ai un papelard qui justifie ce choix.
- Montre, il le lit avec attention. Mais pourquoi tuer cet animal ? Pour des expéditions ? Cet écosystème ne tient en place que si on n'y touche rien. Pourquoi ? Et quel scientifique oserai faire une chose pareille ?
- Mon Père, je n'ai pas le choix, je suis ruiné.
- On a toujours le choix. Je l'ai toujours eu.
- Un choix entre la vie et la mort est-il un choix honorable selon vous ?
- Parce que tuer en est un ?
- Vous croyez que j'ai eu le choix de massacrer ces orcs ? Criais-je.
- Quand on a des convictions.
- Varian m'aurai mit au pilori oui ! J'aurais fini dans un fossé une balle dans la tête. Un silence ce fit. Il rétorqua.
- Ce n'est pas Dred que tu cherches. Tu ne te l'avoues pas. Tu recherches autre chose. Tu es troublé depuis que tu es là. Mais... Je ne peux t'empêcher d'y aller. Les marais, tu n'as qu'à suivre la piste pour les rejoindre. Fais attention à toi. Saches que tu n'es qu'un alcoolique qui boit que pour oublier qu'il est alcoolique. »
Je fais mon sac. Le Père a réussi à me décocher des guides tortollans. Ils m'aideront à aller aux marais puis à rentrer chez moi. Sympas. Je fais mon stégosaure et en route. C'est entre nous deux maintenant.
Un sifflement strident se fit entendre. Le sifflet. Ce son. C'est l'heure d'y aller. Le dernier de la campagne. Et après chacun chez soi. Je donne mes dernières consignes à mes hommes avant de se lancer à l'assaut des maisons. Notre but est de soutenir l'effort qui va se porter sur la place du village. La percée a été dur. Mais ils ont réussi. Pour mieux tomber dans un piège. Mais au moins, le QG adverse se trouve sur cette place.
« Vous montez direct à l'étage supérieure. Vous attendez pas pour dégainez. Leur position est désespéré mais ils n'en sont pas moins dangereux. Alors toujours en binôme. Et pas de civils ! Comme le colonel l'a toujours dit. Eux, ils ont pas choisit de se prendre un balle. Ok ?
- Ok ! »
Enfin, moi non plus j'ai pas choisit, mais on fera avec. On se disperse pour pouvoir offrir un appuie-feu sur l'ensemble du champ de bataille. Sous tous les angles. Je prends avec Oscar la maison qui se trouve pile poil en face de la place, dans son prolongement. La plus exposée. On enfonce la porte. Je dégaine mon tromblon, je tir en plein dans les deux Kor'krons. Ils l'ont senti passé. Je monte en vitesse là haut. Deux fenêtres. Une pour moi et l'autre pour mon coéquipier à la jumelle. Je sors mon fusil à lunette, je vise le tous, je me mets en position, j'arme et je vise. Oscar saute sur sa place et lance son classique « on les aura tous ces enfoirés! ».
Avec ses jumelles, il guide mes balles. Un coup là, un coup là-bas, j'améliore mon tableau de chasse. Une tête après les autres. Des gens avec qui peut être, j'aurais pu être ami. Mais je chasse bien vite cette pensée horrible. Un officier arrive.
À la veille du rendez-vous avec ma bestiole, durant la nuit, je me cache dans un buisson, dans la lisière avec la forêt. Les tortollans, malgré le barrage linguistique, ont comprit mon intention. Mais aucun ne m’empêche d'armer mon arme. Ils se retirent. Comme prévu. J'ai une vue dégagée sur les marais. Je dors en attendant le jour.
Cet officier nous donne un ordre clair, je dois abattre le colonel de la place. Selon les renseignements, il devrait sortir du QG. Je suis en face. Ligne de mire parfaite. Si je l'abats, la bataille prend fin direct.
Le rugissement de Dred me réveille. Un animal, rouge sang, massif, haut comme une tour de Hurlevent. Une gueule venu du Norfendre. À côté de ça, les zombies du Fléau font figure de poupées. Je mets en place ma ligne de mire.
J’aligne mon viseur, mon œilleton sur la porte, elle s'ouvre doucement. Je mets en place ma ligne de mire.
Mais je vois qu'il attend quelque chose. Quoi donc ? Un autre diablosaure. Une femelle, si je comprends bien. Il va s'accoupler. Bah tant pis... Attends, y a un gosse.
Je vois mon homme, le colonel est en face de moi. Mais je vois qu'il attend quelque chose. Son enfant ! Une petite fille. Il saute sur une monture, avec sa fille.
« Qu'attendez-vous pour tirer soldat ?
- Oscar dit-moi quand je peux tirer.
- Ok. »
Il essaie de la protéger des coups d'épées. Des enfoirés de l'Alliance essaient de tuer une enfant. Ces salopards. Pour l'instant, je ne peux tirer que sur la fille, derrière son père. C'est dégueulasse mais cela évitera que d'autres types dans les deux camps ne meurent. Et avec un peu d'adresse, je peux juste le blessé suffisamment pour qu'il tombe à terre et qu'on le récupère. Il survivra.
Il joue avec ce petit ! C'est son fils ou sa fille. Il a une famille. Le futur Roi de ces marais.
Mais le soleil m'arrive de face. Ma lunette reflète de la lumière. Dred me repère. Il se mets instinctivement devant sa famille et me foudroie du regard. Mais il attaque pas. Comme si il s'offrait, en échange de son petit. De sa compagne. Je vois le petit inconscient de ce qui ce passe. Une jeune fille passe devant Dred.
La bataille fait rage en bas. Les hommes sont broyés des deux côtés. Seul quelqu'un qui a vu des champs de bataille peut comprendre le stress que cela engendre. Peut comprendre le chaos qui en sort. Peut en comprendre l'horreur. Ce colonel, un type lambda dans le civil, qui pour défendre sa fille, a prit les armes. Et je me retrouve là, à devoir éliminer un gars dont je ne connais. Rien. Cette pensée me vient de plus en plus à l'esprit. Au fur et à mesure que mon tableau de chasse s'agrandit.
« Qu'attendez-vous ?
- Que ma ligne de mire soit libéré général.
- Libérez-là aux dépends des autres si il faut.
- JE NE TIRERAI PAS SUR MES CAMARADES BOUSEU !
- Tu as dit quoi enfoiré ?
- C'est moi qui peut appuyer sur la cachette et te foutre à terre si il le faut. C'est moi le spécialiste donc tu m'écoutes. Si t'es pas content tant pis. Il est pas content de ce que je viens de lui dire, mais il se résigne. Il a pas le choix que de satisfaire mon désir. D'attendre une vue dégagée. Le cheval se cabre dans tous les sens. Peut pas viser. Là, d'un coup, Oscar gueule.
- MAINTENANT DOM ! »
J'ai regardé et j'ai tiré. Et j'ai effectué ma première erreur de la guerre. Ne jamais rechercher le moment « parfait », mais rechercher la ligne stable et qui tient dans le temps. Mais je n'avais qu'un instant. Au dernier moment, le cheval effectue un demi-tour impeccable. La balle vient de se loger dans le cœur de la jeune fille. Elle chute du cheval. Elle s'effondre. Un corps sans vie gis sur le sol. Celui d'une innocente victime. Je garde mon œil sur mon viseur, ma joue contre la crosse. Mon doigt enfoncé sur la gâchette. Oscar a encore les yeux rivé sur la scène, qu'il observe de ses jumelles. Il ne comprends pas. Lui non plus. Il avait vu le moment « parfait ». Et c'est quand ce mot lui passa à l'esprit qu'il comprit son erreur.
« Merde j'ai fais quoi ! Putain Dom on a fait de la merde là !
- Quoi un officier de cavalerie a été touché ?
- Non sale sac à merde, lui répondis-je calmement, une petite fille innocente.
- Parle sur un autre ton toi. Et le colonel de la place ? »
Un silence. Je vois cette fille qui se balade devant ces diablosaures. Un trou au niveau du cœur. Béant. Je tremble au niveau des mains. Je verse une larme devant le tableau qui s'offre devant moi. Ma gnôle ! Ma gnôle ! Il me la faut.
Le père voit sa fille au sol. Il saute la sauvée. Il la prends dans ses bras. Comme je n'ai jamais vu un père le faire. J'ai vu dans la lunette, ses larmes. Ses dernières inspirations avant d'expirer. Un salopard tente de le tuer de dos. Un Kor'Kron à le don de le briser net. Merci. Il reste au milieu de la mélée. Un de ses gardes tente de le faire relever. Il refuse. Il veut mourir prêt de sa fille. Il le laisse là. Il meurt d'un type sans cœur. Qui lui plante son sabre de cavalerie dans le dos. Oscar répondit.
« Cible acquise. Il pleurait toutes les larmes de son corps.
- Ah enfin ! Je prévenir le commandant ! Il se pressa de quitter la maison. Il rejoint le QG.
La bataille ne c'est pas raccourcit.
- On est des connards Dom. Le colonel avait dit pas les civils. On a pas réussit à tenir sa foutue doctrine. On est des monstres.
- La guerre nous transforme en monstre quoi qu'il advienne. Quelque soit ton idéal. Quelque soit ton camp. Tuer des êtres vivants est une cause que personne ne peut défendre. Mais certains profitent de ce business. Les rois, les seigneurs, les généraux. Ils traînent pas dans la boue. Ils connaissent pas la tragédie de la mort et de la sueur. Les familles brisées par le fer. Ils ne connaissent que la gloire que leur consacre nos livres d'histoires. Nous on est bon pour brouter le sol.
- Je m'en veux Dom.
- Moi aussi.
- On fait quoi ? On le dit aux autres.
- Oui. »
Je prends ma gourde puis je l'observe et je comprends les dernières phrases de Camille. Je jette ma gourde au loin, je baisse le canon de mon arme. Mes yeux sont noyés de larmes. Dred le voit. Il baisse sa garde aussi. Il repart avec sa famille. La fille disparaît. J'ai enfin comprit ce que je recherchais depuis toujours. Je sais ce qui me hante depuis toujours. J'ai cherché à planquer ceci au fond de mon âme. Je n'acceptais pas le monstre que j'étais devenu. Je noyais ça sous l'alcool. Je ne voulais plus avoir à faire à ce double de moi-même. Comme une plaie qui n'a jamais cicatrisé. Dred me l'a fait comprendre.
Je continue seul vers le village des tortollans. Il pleuvait. Il faisait nuit. La piste boueuse. On s'enfonçait dedans. Je marchais seul. J'étais épuisé. Je me mit à genoux au sol. J'ai pleuré comme je ne l'est jamais fait. Je revis cette fille devant moi. Un trou au cœur. Je devenais fou. Une vérité que je n'ai jamais assumé. Je ne l'ai pas dit au groupe le soir de la victoire. J'ai gardé ça avec Oscar. Sur le cœur, depuis 7 ans. Varian a eu ses célébrations, nous on nous a jeté tels de vulgaires déchets.
« Tu n'es pas ce que tu crois être !
- Qui est-ce ?
- Un esprit.
- Suis-je fou ?
- Sûrement, mais quand on est « fou », on peut communiquer avec les esprits, c'est cool hein !
- Tu me veux quoi, création de cet inconscient qui part en cacahuètes dans ma cervelle.
- Au rien, juste pour te dire que Dred va te ramener chez les tortollans.
- Quoi ?
- Eh oui. Tu sais cette forêt n'est pas le monde des humains. Quelque chose de magique l'entoure. Camille te le dira. Les tortollans y puissent leur énergie. Mais plus encore. Tes hallucinations, se font de plus en plus présentes depuis que tu es là non ? Eh bien ce n'est pas un hasard. Tu es plus que ça. La vie est faites de choix. Tu as fait le tien. Rien ne t'empêche d'être meilleur. Mais pour ça, il faut dépasser ce que l'on croit être. »
Effectivement, Dred arriva. Me transporta, moi à moitié inconscient, chez les tortollans. Un éclair de génie me vint à l'esprit au réveil. Je regarde au dos de ma prime.
« Monsieur Enfield, vous voilà. Alors ce Dred, vous avez eu sa peau ? Vous avez vengé nos tristes compères.
- Non.
- Quoi ?
- Enfoiré de première, j'aurai dû m'en douter.
- De quoi ? Et baissez donc ce tromblon... Vous allez blesser quelqu'un avec !
- Et pas seulement.
- Mais monsi...
- Adieu. J'ai tiré. Il le méritait. Les tortollans me reconduisent à la lisière. Pour allez où ? Je ne savais pas. Mais j'avais retiré une importante leçon. Que ce soit de Dred ou de Camille. C'est nos choix qui nous forgent. Quelque soit notre passé.
Les derniers mots de cette jungle que je vis furent ceci.
« Permis de construire »