épilogue :
Je revins à Hurlevent. Les pompes funèbres de Varian eurent lieu. Son fils tenu la cérémonie. Il autorisa les anciens soldats à faire part d'un dernier mot. Ce fut mon tour.
« Je crache sur ta tombe enfoiré meurtrier. Je cracha effectivement dessus et me permit un bras d'honneur. Un garde m’empoigna et me dit.
- Un peu de respect peon.
- Pour le peu de respect qu'il me donna, je lui devais bien ça.
- Qui est ce malotru.
- Eh bien majesté, un vétéran des campagnes de votre père, qui m'a volé ma vie. Et celles d'innocent. Pourquoi ? Pour sa gloire personnelle. Et nous, ces souffres douleurs, des laissés pour comptes de l'histoire, nous devrions le saluer ? Jamais. Ce n'est que mon choix. Exécuté moi si vous voulez, je m'en fiche bien.
- Laissez moi réglez son compte majesté.
- Non, lâchez-le. Qu'il ne gâche pas plus cette cérémonie. »
On me jeta par terre. Mais j'étais heureux. Je rentra chez moi. Je me suis jamais autant défoulé de ma vie. Fais du bien !
Citation de DarkSkywalkerOk, merci Iron d'avoir fait ça même si...
je comprends pas pk ^^
Si les gens veulent lire nos histoires, il leur suffit d'aller sur la page ou toutes les histoires sont postées ;)
(d'ailleurs j'ai pas l'impression que toutes les histoires y soient...)
Retrouvez bientôt ma prochaine histoire, sur une carte LEGENDAIRE !!!, j'ai nommé, Rafaam !
iCitation de IronOfdragoonsCitation de DarkSkywalkerOk, merci Iron d'avoir fait ça même si...
je comprends pas pk ^^
Si les gens veulent lire nos histoires, il leur suffit d'aller sur la page ou toutes les histoires sont postées ;)
(d'ailleurs j'ai pas l'impression que toutes les histoires y soient...)
Retrouvez bientôt ma prochaine histoire, sur une carte LEGENDAIRE !!!, j'ai nommé, Rafaam !
Regarde bien, toutes n'y sont pas et feuilleter 41 pages peut être fastidieux ^^
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20 Mai 2017, 10:13Grade Émeraude
La TAA existe depuis le 26 novembre 2016. Je vous avoue que ce projet, né de l'esprit d'Arcandelium était fou. Et si je n'avais pas vu cette petite banderole rouge à la fin de son deck, jamais la TAA n'aurait pu exister. J'ai crée le topic sur le forum, arca préférait l'outil deck parce que le forum n'était pas assez visible selon lui, et il avait pas si tort d'ailleurs. Malgré-tous, ce que nous pensions n'être l'aventure que de quelques semaines, pensant que la communauté nous foutrait un vent, continue ! Peut-être pas comme on le rêverait, mais c'est déjà bien assez. Et c'est le plus important. Que ce soit Arcandelium, DarkSkywalker, katteal, Xelirach, TrollAndGoblin, Bob-le-Blobfish, Marwill, Thrale, Totitota , Jidan, Flopiflopa et sauronr, ils ont tous, par leurs soutiens, permit à ce projet d'exister. Et c'est à eux et à tous nos lecteurs, que je dédicace ce premier volume des aventures en Azeroth. Toutes ces histoires, ont été produites par nos auteurs. Beaucoup n'ont jamais été finit, Mais ce qui a été produit est splendide. Ce volume, je l'ai fait de mon propre chef, j'ai choisis moi-même les textes qui devait y figurer. Peut-être que nos auteurs trouveront que ce sont leurs pires histoires que je publie ici. Mais plus qu'eux, c'est à vous chers lecteurs, d'en apprécier leurs valeurs.
Arcandelium
L’œuf
L’aridité de la terre semblait troubler l’air, et la chaleur étouffait mes sombres pensées. « Si seulement l’obscurité de mes souvenirs pouvaient au moins me couvrir de leur ombre et me protéger du soleil cuisant », prononçais-je tout bas…Ma langue eut d’ailleurs du mal à articuler ces quelques mots.
Elle était aussi rugueuse que celle du chat auquel je peux ressembler la nuit avant d’accomplir la triste besogne qu’est celle d’un assassin.
Les assassins, dans la vie ne sont pas et ne ressemblent pas, et sont même, en tous points différents de ce que nous laissent imaginer les films. Ils y sont décrits comme des hommes d’un grand raffinement du meurtre et possédant une capacité de réflexion stupéfiante. On les présente comme des génies de la planification, des maîtres de la discrétion, ils volent comme des papillons et piquent comme autant d’abeilles. Leurs poignards peuvent planter ce que leur regard ne peut voir. Furtifs, imprévisibles, tant de mythes qui s’articulent autour des personnes si pathétiques que sont les assassins. Je ne parle pas là de morale et ne porte aucun jugement sur le choix de retirer la vie d’un individu, ça n’aurait aucun sens ici-bas, mais sur ce fantasme du tueur furtif. Comment peut-on vouloir devenir cet homme qui n’a même pas le respect d’un chasseur de prime pour sa victime quand il saigne sa proie dans le dos ? Sans laisser ni un regard, ni même une parole ! Sans parler de ces hypocrites qui laissent leur nom de scène ridicule au dos d’une carte !
Alors pourquoi me direz-vous ? Comme je l’ai déjà dit, les assassins sont de bien pathétiques gens…j’en fais partie. Voyez-vous, lorsque l’on n’a pas d’autre talent que celui de la fourberie, qu’un soir, en rentrant de l’école, le jeune enfant que vous êtes, ayant eu la BRILLANTE idée d’emprunter cette ruelle étroite qui se trouve derrière la vieille boulangerie, vous vous faites kidnapper par un de ces monstres urbains, ces véritables proxénètes vous font alors goûter à l’arbre du crime, et bien, ce jour-là, vous devenez un assassin. La grande classe ? Vous trouvez ? Alors, vous allez monter les échelons, commençant par un vol de pomme puis détroussant un pauvre homme prit dans un guet-apens. Assoiffé par l’argent depuis le premier péché, vous finirez par tuer, et ce jour-là vous serez un assassin. Vous ne l’aviez pas fait exprès ? Pau’v chou va! Peu importe, ce jour-là, vous serez un assassin.
Voilà où j’en suis. Passé de jeune enfant innocent, à professionnel de la violence, traversant le désert séparant Gadjetzan d’Hurlevent pour une « commande ». Pas un bruit jusqu’à présent pour venir perturber mes pensées, et c’est alors que j’entends des ricanements se mêler à des pleurs. Je m’approche assez des silhouettes pour y découvrir six petits dragonnets encerclant un petit objet rond.
Curiosité avide ou esprit joueur (après tout peut-être que l’enfant que j’étais n’est pas mort !), je dégaine mon arme à feu et tir à blanc sur ces voyous à écaille. Pris de peur, trois d’entre eux s’envolent comme des pigeons, tandis que les trois autres détalent à grandes enjambées. Quelques mètres me séparent à présent de l’objet et je parviens à distinguer un œuf. Mais pas n’importe quel œuf, non, un œuf de dragon ! Quelle aubaine ! Mes doigts commencent déjà à s’emparer de la coquille et à la cacher précieusement dans mon sac tandis que mon cerveau se met à calculer les bénéfices, lorsque l’œuf semble lâcher un soupir. Je suis stoppé nette par ce murmure. Un rapide calcul effectué par mon « brillant esprit de planification » me rappelle que les œufs ne pleurent pas avant que mes mains ce remettent au travail. Mais à peine le mouvement reprend qu’un nouveau râle pleurnichard se fait entendre. Cette fois-ci, je ne rêve pas, je suis presque sûr d’avoir ouï l’œuf parler. Je toque à la coquille comme à une porte et me prononce « y’a quelqu’un la d’ans ? »
A ma grande stupéfaction il me répond : « ils sont partit ? »
- Qui « ils » ?
- Vous savez, les trucs qui grognent et qui ricanent !
- Un clown qui imite un chien ?
- Mais non voyons ! Les trucs là ! Les trucs qui m’entouraient !
- Les dragonnets ?
- Oui, voilà ! C’est ça !
- Non, ils sont partit lorsque j’ai tiré.
- Oh ! Merci ! A qui dois-je l’honneur de ma survie ?
- [l’air gêné car je voulais le revendre] : Oh, ce n’est rien ! Mon nom est Paul.
- Paul comment ?
- Juste Paul.
- Ravis de faire votre connaissance Paul. Au faite, qui es-tu ?
- (il se fout de moi ou quoi ? Bon calme toi répond juste: )
Je viens à l’instant de vous le dire ! Moi, c’est Paul.
- Mais Paul, c’est votre nom n’est-ce pas ? Ça ne me dit pas QUI vous êtes.
- Je suis un être humain qui s’appelle Paule. C’est bon, vous êtes content ! (je commençais sérieusement à me demander si je n’aurais pas mieux fait de le laisser avec la racaille). Bon, passons. Comment se fait-il que tu sois encore dans ta carapace !
- Les œufs de dragon vous le savez (à vrai dire, je ne le savais pas) , sont fait d’une matière très résistante. Tant que l’œuf n’est pas arrivé à maturité, impossible de sortir. Malheureusement pour moi, le destin ma punit en m’enfermant dès ma naissance dans cette prison minérale qui fait mon logis. Maintenant que je t’ai dit qui j’étais, peux-tu me dire QUI es-tu ! Un individu n’est pas définit par son nom ou son espèce mais par ses actes et son vécu. Alors dit moi, QUI es-tu ?
- (Je commençais enfin à comprendre ce que voulait dire la question. Mais étais-je vraiment capable d’y répondre ? Alors je lui demandais: ) Es-tu sur de vouloir savoir qui je suis ? Es-tu sur de vouloir savoir l’incapable que je suis ? Es-tu sur de vouloir savoir la liste des choses affreuse dont je suis la cause ? Es-tu sur de vouloir savoir tout le mal que l’on m’a fait ? Tous les malheurs dont je résulte ! Comme un calcul ! Comme un algorithme ! Rien de plus qu’une suite d’événements tragiques. Rien de plus qu’un assassin.
Alors maintenant, dis-moi, es-tu sur de vouloir savoir qui je suis ?
Ces quelques mots figèrent le temps, le laissèrent suspendu un instant. Précieux instant. Cet instant qui nous cloue au sol, prise de conscience aussi froide qu’effrayante, qui nous laisse un goût amer d’orange en bouche. Ce silence en disait plus que toutes les paroles du monde. Ce silence criait, hurlait au désespoir. Il appelait à l’aide, même un bourreau serait venu me tenir la main.
Ce même silence avait repris ses droits, devenu roi du désert, il sembla nous autoriser à parler à nouveau.
L’œuf reprit, brisant son règne :
- Tu sais, moi non-plus je ne suis pas sûr de savoir qui je suis …
Il parait que je suis un dragon…J’ai des ailes mais ne vole pas, des dents mais ne mord pas, un nez mais ne sent pas…
Je ressemble à une de ces devinettes que me racontait mon frère !
- « Tu as un frère ?! », m’exclamais-je.
- Ou plutôt « j’avais », dit-il tristement.
- Que s’est-il passé ?
- Un jour, lorsqu’il eut ses 12 ans (soit 18 ans pour un humain), il partit avec ses amis me promettant de revenir avec le légendaire marteau du destin de Thrall, afin de me délivrer de ma coquille. Ne pouvant le voir, j’entends encore le bruit de son pas s’éloigner de moi…de plus en plus vite, de plus en plus loin, jusqu’à ce que le son de sa marche finisse par s’étouffer dans le sable chaud. Depuis, j’attends sa venue, comme un mort attend le son de la trompette.
- Et cela fait combien de temps que tu ne l’a pas vue, ou plutôt devrais-je dire entendu ?
- Je ne sais pas trop…mais cela fait assez longtemps. Tu sais, la d’ans on perd vite toutes notion du temps…
- Tu n’as donc jamais vu le monde ? Pas une couleur, pas une courbe, rien ? Rien que le vide ?
- Rien, finit-il par dire. Rien que le néant et cette voûte sombre qui fait mon toit. Mais tu sais, on s’y fait. Je n’ai jamais connu la vue, alors j’ai imaginé le monde avec le dernier sens qu’il me reste : l’ouï. Je me suis fabriquer un petit monde sonore, une reconstitution petit bout par petit bout de l’univers qui m’entoure. Alors je m’endors et je rêve du monde…
D’ailleurs, tu n’es peut être qu’un rêve, et je parle tout seul depuis le début ! Peut-être suis-je déjà fou ou peut-être que je rêve de moi-même ! Qui sait…
Dit, tu es encore là ?
- Oui, je suis là. Dit moi, que sais-tu du monde ? Ou plutôt de ton
monde ?
- Il y a à ma gauche deux grands arbres au majestueux tronc, ornant au bout de leurs branches, des feuilles couleur ciel.
Derrière toi se trouve une foret luxuriante aux mille nuances, et au-delà on peut voir ce dessiner la silhouette de l’imposant château d’Uther. Et derrière moi se trouve une colline marbré surplombé de quelques buissons furtifs.
Malheureusement la réalité était tout autre. Pas un brin de verdure à des kilomètres, pas une couleur, juste cette roche blanchâtre et desséchée, pas un relief, juste ce sol plat et grisant. Pourquoi Uther, le porteur de lumière, aurait-il choisit un endroit aussi sordide pour son somptueux palais aux jardins suspendu ? Je décidais de garder pour moi cette vérité, ne voulant attrister l’animal. Je m’apprête à lui poser une question mais un ronronnement me coupe dans mon inspiration. Il s’est endormit. Je balaye le paysage du regard, me surprenant à y découvrir un soleil écarlate, jouant les équilibristes sur la ligne de l’horizon. Le ciel s’emplit rapidement d’une sombre clarté comme une goutte d’encre noircie les volutes de l’eau. La nuit tombe sur mes épaules, alourdissant mon cœur. Les ronronnements se taisent, laissant à nouveau place au silence. Je colle mon oreille contre la paroi de l’œuf mais n’y entend rien. Les battements de son cœur se sont tuent. Il est mort. Je ne parviens à retenir une larme qui coule avec une infinie lenteur sur ma joue chaude. Elle parcours tous les trait de mon visage, se glissant dans la moindre aspérité, comme pour me redessiner. Arrivée sur le bout de mon menton, elle stoppe sa course, restant un instant immobile et tremblante, avant de se jeté de celui-ci et de s’écraser sur mon genou.
Finalement, je ne suis pas si différent de cet œuf. Prisonnier de la solitude comme d’une coquille, je ne veux pas voir la vérité car je la crains. Alors je renferme mes pensées sous une chape de plomb, gardant ce silence qui hurle en moi.
Ma main tremblante vient s’emparer de mon pistolet. Je pose le canon froid de l’arme sur ma tempe humide et tire. Mais cette fois ci, la balle n’était pas à blanc.
Katteal
Histoire à jamais inachevée
Erwan marchait d'un pas hésitant, se retournant fréquemment à la recherche d'un éventuel traqueur, et pour cause ! Voilà une demi-journée qu'il s'était enfuit hors des murs de la ville et qu'il s'enfonçait entre les arbres de plus en plus resserrés...
*
La matinée avait pourtant été radieuse, les passants, ordinairement pressés avaient eu des regards pleins de joie et d'espoir... néanmoins Erwan avait déjà son objectif et il avait avancé ainsi au milieu de la foule de badauds, seul homme au regard fermé, songeur, calculateur. La bonne ambiance qui régnait au sein de la ville n'avait fait que le conforter dans son choix et il s'était résolu à mettre en œuvre immédiatement le plan qu'il avait échafaudé la veille.
En arrivant à l'académie de magie il avait troqué ses vêtements de ville contre un ensemble sobre. Il était constitué de fine bottines de cuir noir, d'un bas de soie sombre rehaussé d'une tunique de mage émeraude sur laquelle se greffait une cape nuit, celle-ci arborait fièrement l'insigne des mages de son académie, brodée d'un fil doré assorti au fin liseré de la cape. Il s'était ensuite dirigé vers la bibliothèque. Après avoir fureté dans les allées, il avait trouvé ce qu'il cherchait : un ouvrage de nécromancie. Sur la première de couverture on pouvait lire « à ne faire consulter que par des mages habilités », Erwan eu un petit sourire, habilité... ce mot n'avait de sens que pour des bureaucrates soupirait-il intérieurement, et pourtant, au fond de lui, il savait que non. Il entrepris de masquer l'ouvrage dans un pli de sa cape et de ressortir, l'air de rien, prétendant ne rien avoir trouvé qui corresponde à sa recherche, le bibliothécaire avait haussé les épaules et grommelé quelque chose quand Erwan eu quitté la pièce. Il n'eut alors plus qu'à prétexter une course pour sortir, il n'était que onze heures, le vol avait été facile, incroyablement facile...
*
Erwan regarda le ciel au travers de feuillages touffus, l'après-midi était déjà bien entamée, son départ remontait déjà à plus de six heure. Il décida de s'accorder une pause, après tout, aucun homme ne l'aurait suivi jusqu'ici, il était seul au milieu de nul part, rien ni personne ne pouvait le menacer. Il profita enfin pleinement du jour : les feuilles bruissaient et à ces bruissements se mêlaient la plainte du vent et le poids du ciel azur. Le cadre était beau, simplement. Erwan resta songeur, devait-il vraiment renoncer à ce en quoi il avait toujours cru ? La nécromancie était un chemin flou d'où on revenait rarement, mais il voulait enfin avoir l'impression d'être utile, en bien comme en mal, il voulait voir l'étendu de ce qu'il pouvait faire loin des murs mornes et des restrictions sévères de l'académie. Sans attendre il se saisi du livre caché dans un renfoncement de sa cape, il caressa doucement les pages : il avait réussi, son frère allait le rejoindre à nouveau.
Erwan décida d'attendre la nuit avant de passer à l'acte, profitant de ces quelques heures de plus pour bien s’imprégner du sort. Il n'en avait jamais vu de si complexe, cela ne lui faisait pas peur, après tout si les dieux l'avaient autoriser à arriver jusqu'ici c'était bien signe de leur approbation !
Au crépuscule, il décida de passer à l'acte : de sa poche, il tira l'orteil flétri de son frère, des gouttes de sueur roulèrent sur son front, le moignon pendait ridiculement, c'était la seule chose qu'on avait trouvé de lui après qu'il eu été carbonisé dans un bête incendie. Erwan déposa le morceau de chair humaine face à lui et se concentra. Il tremblait.
Le jeune homme renversa sa tête en arrière, il n'avait pas vu venir le torrent de remords dans lesquels la simple vue de l'orteil l'avait plongé. Cette fois ce furent des larmes qui roulèrent le long de ses joues, dessinant les arêtes fines de son visage, elles traçaient un sillon humide et se stoppaient au niveau de son bouc. De là, elles s'égouttaient une à une, terminant au milieu des brins d'herbes à ses pieds.
Le garçon se ressaisit, il observa une dernière fois le ciel maintenant orangé, il soupira et, se jurant de ne plus se perdre dan de telles considérations, pris une inspiration et débuta le rituel.
Le néant. Un noir profond l'environnait. Aucun support ne le retenait, il ne tombait pas pourtant. Il flottait, simplement. Le défunt fouillait dans sa mémoire à la recherche d'une bribe de souvenir lui indiquant qui il était... sans succès. Il n'y avait qu'une unique chose qui existait à ses yeux, un mot simple et pourtant incroyablement complexe : néant. Était-ce plutôt un rien ou une absence de tout ? Il avait tout le temps d'y réfléchir, et d'ailleurs, le temps existait-il réellement en ce lieu ? Le Rien, le néant impliquait-il l'absence de tout y compris du temps ? Il avait l'éternité devant lui pour répondre à cette question, le défunt voulu soupirer mais aucun son ne sorti, il remarqua soudainement qu'il n'avait pas de corps. Il n'était qu'une entité immobile et immuable. Ancrée dans un monde noir, sans rien autour. Étonnamment il ne se sentait pas seul, il ne souffrait pas, au contraire ! Une intense sensation de bien-être émanait au plus profond de lui et le parcourait. Peut-être était-ce ça la mort... un répit infini, sans souvenir, aucun moyen de retourner ses échecs dans la tête jusqu'en devenir fou, aucun souvenir glorieux pour ne pas devenir imbu de soi, aucune idée du bonheur, ainsi le défunt était tel un nouveau-né : un rien l'amusait, une simple pensée, aussi fugitive et vide de sens soit-elle le rendait tout de même heureux. Était-il si mal ici si le rien lui suffisait ? N'était-ce pas l'accomplissement ultime de toute être ? Être heureux et repus pour l'éternité, sans ressentir un quelconque besoin, pas d'errance, une éternité de bonheur. L'entité qui avait un jour été Kim renversa sa tête inexistante en arrière et s'ouvrit toute entière à la perspective de bonheur qui se propageait en elle. Kim était radieux, rien ne pouvait plus le déranger, sa dernière pensée lucide avant de s'abandonner complètement à ses sentiments positifs fut de se demander si le malheur était nécessaire à toute être, si une absence de malheur rendait toute existence morne même dans la mort... un sourire embrasa ses lèvres fictives : il connaissait la réponse.
*
Erwan se concentrait toujours, il peinait à dominer son esprit qui s'aventurait plus loin que jamais auparavant dans le domaine des spires. il était complètement immobile, seule sa lèvre inférieure tremblait trahissant l'intensité de l'effort de volonté qu'il exerçait. Soudain, il tressaillit et se redressa : il avait trouvé, le vrai travail pouvait commencer.
*
L'esprit de Kim jubilait, il ne se souvenait toujours de rien, la seule certitude qu'il avait était qu'il était plus heureux mort que vivant ; il contempla le vide autour de lui... rien ne pourrait le changer.
D'un coup un sifflement lui parvint, il fut d'abord surpris, puis curieux : c'était le premier son qu'il entendait depuis son arrivé ici. Kim demeura alors interloqué au milieu du vide, essayant de comprendre d'où venait le son. En vérité il venait de partout à la fois, la seule chose sûre était qu'il augmentait en intensité, encore et encore, il ne semblait pas connaître de point de rupture...
Soudain, l'espace sembla se déchirer et pour la première fois, Kim ressenti la gravité. Il se sentait aspiré, appelé par une force au dessous de lui, il commença à tomber. Kim avait envie de crier, mais son absence de corps matériel le poussa au mutisme : il ne savait pas où il tombait mais une chose était certaine : c'était bien moins bien qu'ici. L'esprit de Kim commença alors à se débattre, sans succès, il chutait toujours. Il ne pouvait rien faire, seulement regarder autour de lui l'absence de point où se raccrocher, il se sentait terriblement faible par rapport à la force qui le traînait vers le bas. Une lumière lointaine lui apparu, se rapprochant à une vitesse vertigineuse, dans un ultime effort Kim banda une dernière fois sa volonté.
Dehors, Erwan se cabra soudainement, il glissa lentement sur le côté : quelque chose lui résistait, il ne savait quoi mais il sentait ses forces déjà grandement affaiblies s'amenuiser : il fallait finir, et vite. Il tirait toujours l'esprit de Kim vers la vie avec toute la volonté dont il disposait, il se sentait proche de réussir et ressentait déjà l'esprit de Kim proche de lui. Erwan se tendit brusquement, quelque chose avait cédé, il ne savait quoi mais le rituel s'acheva d'un seul coup, et sans la moindre difficulté cette fois. Le moignon fondu sous ses yeux et une silhouette familière se matérialisa : Kim était revenu, il argua alors un grand sourire à son frère. Erwan le regarda fixement, fier de son œuvre et se laissa tomber de fatigue, sans voir l'ombre qui venait de s'enfuir entre les arbres...
Chapitre 2 : Acceptation
La chute, le flash, une impression de soudaine déchirure inexpliquée et puis d'un coup un choc, un atterrissage brutal dans une enveloppe charnelle étroite. Un flot de douleur avait immédiatement déferlé sur Kim, comme une lacération brève et violente qui vous brûle la peau à vif. Mais au-delà de ça c'est les yeux qui à coup sûr soufrèrent le plus de ce retour inopiné : ils étaient entièrement clos et même en pleine nuit le clair de Dame Blanche suffisait à les rôtir aussi sûrement qu'un fourneau l'eut fait. Kim les entrouvrit cependant au prix d'un hoquet de douleur pour voir l'idiot qui l'avait ranimé. Devant lui se tenait un jeune homme de dos, un nom surgit immédiatement de l'esprit de Kim : Erwan. Cependant il n'était pas seul, à sa droite un corps allongé se redressait lentement, de côté cette fois, avec un sourire radieux gravé sur ses lèvres. Mais ce ne fut pas le sourire qui retint l'attention de Kim, en effet il eut soudain eu un mouvement de recul à la vue de l'homme : cet être... ce visage... c'était lui ! Il abaissa lentement les yeux vers son propre corps avant de détourner brusquement le regard : il n'était qu'une ombre, un amas de chair boursouflée violette greffée sur un squelette grossier, ce n'était pas possible, ce n'était pas lui ! Et il avait raison. Celui qui se croyait être Kim n'était qu'une anomalie, le fruit de l'incompétence d'un homme pratiquant la magie des arcanes. Il était un monstre dont le physique ne faisait que représenter la douleur : une anomalie arcanique. Une âme errante, probablement unique en son genre, perdue par un triste destin qui l'avait conduite jusqu'ici. L'être se leva soudainement et disparu silencieusement, l'ombre s'enfonça dans l'obscurité aussi loin que son corps affaibli le lui permit et s'effondra au creux d'une racine noueuse, secouée de sanglots. Cette nuit était certainement la plus noire qu'elle eut jamais vécue, et aucun sommeil salvateur ne pouvait être envisagé : ses souvenirs, ravivés par la vision d'Erwan et de son ancien corps, lui revenaient par bribes, martelant sa conscience à chaque nouvelle image de son existence passée.
Les sanglots furent bientôt remplacés par de simples hoquets, puis le silence se fit entendre. L'anomalie fixait ce qu'elle qualifiait de vide face à elle. Ce monde plein de vie qui frémissait à l'éveil alors que la nuit s'estompait n'était pour elle qu'un amas difforme d'objets sans profondeur, de simples coquilles vides qui se laissent porter par leur instinct de survie. L'anomalie elle, ne voulait pas vivre, non pas qu'elle ne le veuille plus, elle ne le voulait pas et ne l'avait jamais voulu. Ce monde n'avait pas de sens pour elle, il n'était pas le sien même s'il l'avait été dans une autre vie. Elle avait maintenant tout à fait accepté l'idée de ce qu'elle était et entrepris de regarder à nouveau la peau rugueuse et violacée qui lui servait d'enveloppe : cette peau fine s'étendait sur un buste épais grossièrement taillé, de là s'étiraient deux longs bras parcourus de muscles saillants tout du long. Ceux-ci s'achevaient par deux mains difformes desquelles jaillissaient de longues griffes noires inhumaines. L'anomalie se palpa le visage afin d'imaginer ce à quoi il pouvait ressembler, celui-ci se greffait au-dessus de son buste sans aucune transition et s'affinait rapidement autour d'une sorte de bec conique. Ses yeux n'étaient que des pupilles pourpres fendues d'où s'échappait un éclat surnaturel. L'être était laid, disproportionné par endroits, atrophié à d'autres, on eu dit un croisement ésotérique entre un animal et un homme et l'anomalie en avait conscience.
Une heure passa, l'anomalie songeait, toujours affalée au pied d'un arbre, elle essayait de comprendre ce qu'elle devait faire à présent mais rien ne lui venait. Le suicide ? Elle ne s'en sentait pas capable, et de toute manière cela ne changerai sans doute rien, la présence du véritable Kim ne lui permettrai sans doute pas de rejoindre son propre monde aussi facilement. Et puis tant qu'à être de retour en ce monde, il lui restait des choses à y faire, à commencer par la vengeance. Erwan l'avait ramenée avec de bons sentiments c'est sûr, mais dans les faits c'était une erreur, non seulement il s'était tourné vers la nécromancie, chose que Kim n'aurait jamais cautionné de son vivant et en plus il avait réussi à échouer ! Et encore un simple échec ne lui avait pas suffit, il avait fallu qu'il s'entête et le ramène à moitié ! Non décidément son ancien frère la dégoûtait, il ne méritait rien d'autre que la mort, mais alors qu'allait-elle faire de Kim ? Celui-ci avait l'air heureux d'être de retour et n'était absolument pas gêné par les pratiques d'Erwan, il fallait se rendre à l'évidence : ce n'était pas Kim. Ce n'était qu'un simple esprit ravageur heureux d'être à nouveau lâché dans la nature, seulement il se trouvait qu'il ait élu domicile dans le corps de Kim, L'être béat qu'elle avait aperçu plus tôt méritait-il la mort ? Sans doute, mais l'anomalie savait bien qu'elle ne serai jamais capable de porter un coup fatal à son ancien corps, aussi dément soit-il devenu...
L'anomalie réfléchit encore une bonne heure puis se redressa : son unique raison d'être dans ce monde était de se venger, alors tergiverser davantage ne servirait à rien, tôt où tard elle devrait mettre à mort Kim et Erwan, attendre ne lui était d'aucune utilité, si ce n'est de laisser plus de temps à ses cibles de s'éloigner. C'est froidement certaine de ses convictions que l'être violacé se mit en route, revenant vers l'endroit d'où elle s'était enfuie.
Le lieu de la réincarnation apparut très rapidement face à l'anomalie, mais il avait été abandonné. Des particules acres de charbons tourbillonnaient au vent, seule trace du feu de camp de la veille. L'anomalie scruta attentivement le sol à la recherche d’empreintes, elle découvrit rapidement une large zone sur laquelle l'herbe était affaissée, probablement le point du sol sur lequel Erwan et Kim avaient dormis. L'anomalie s'en voulu de ne pas avoir profité de leur sommeil pour les assassiner, le crime aurait été plus simple, plus rapide.
Depuis les deux rectangles d'herbe écrasée, partaient deux rangées de pas réguliers, il était clair que les deux comparses n'avaient pas essayé d'être discrets ! Même la végétation portait encore des traces de leur passage. Pour la première fois depuis son retour, l'anomalie esquissa un sourire : l'inconscience que ses cibles avaient du danger qui les guettait jouait en sa faveur, Elle se surpris à prendre plaisir à imaginer Erwan et Kim plaisantant poignardés dans le dos. Elle se repris immédiatement : elle n'était pas un assassin, le crime qu'elle commettait n'était pas comparable au sale boulot des mercenaires, aussi ne devait-elle pas s'abaisser à penser comme un assassin, elle tuait par besoin et non par plaisir.
L'anomalie, se retourna une dernière fois, grava dans sa mémoire l'image du lieu où son calvaire avait commencé et commença à suivre les pas, la traque promettait d'être longue...